On a beau en faire une sorte d’ermite misanthrope, ombrageux et teigneux à faire passer Léon Bloy pour un G.O. du Club Med, Jean-Louis Murat a régulièrement créé avec d’autres êtres humains, de Gaule, des Amériques ou d’ailleurs. Ce partage est à nouveau au cœur du nouvel album du chanteur puydômois, plus enraciné que jamais dans sa terre d’Auvergne. Intitulé Babel, ce disque copieux (vingt titres tout de même) a été écrit et enregistré avec ses amis du Delano Orchestra dont le batteur, Christophe Pie, enclume subtilement à ses côtés depuis déjà plusieurs décennies. La partition que tout ce beau monde donne ici est une belle tapisserie folk rock tissée avec goût.
L’instrumentarium est l’œuvre de musiciens qu’on sent fascinés par le folk, la country et le blues. Il y a des effluves de Sparklehorse ou de Lambchop çà et là. Des parfums d’une musique rurale et simple jouée par des gens qui lisent des livres… Une Babel érigée en Auvergne, évidemment ça impressionne et ça fait rêver. Surtout que la fusion entre le chant de Murat et les notes de ses complices d’un jour donnent une œuvre complète et qui existe seule et sans béquille, bel exploit quand on voit toutes ces influences venues d’outre-Atlantique… Une fois de plus, Murat réussit à faire de la chanson sans faire de la chanson, du folk rock sans faire du folk rock, bref à faire du Murat.
