La Fondation Bru Zane publie son premier enregistrement uniquement disponible en téléchargement et en streaming. Ce lancement témoigne d’une nouvelle étape de la politique éditoriale de Centre de musique romantique française basé à Venise.

C’est un challenge technologique inédit que s’est lancée en juin dernier la Fondation Bru Zane. Le héraut de la musique romantique française sort des sentiers battus de l’édition musicale et publie un enregistrement uniquement disponible en téléchargement et en streaming.

Le challenge est double puisqu’à été choisi pour ce projet une oeuvre méconnue du grand public : Adrien , un opéra composé en 1792 par Étienne-Nicolas Méhul. Sur un livret de Hoffman, inspiré de l’oeuvre du compositeur italien Metastase Adriano in Siria, cet opéra en trois actes témoigne de l’émergence d’un nouveau style opératique à l’aube du romantisme. Un pari risqué donc, mais la Fondation peut déjà être fière de son succès : la page d'écoute a déjà été partagée un bon nombre de fois sur Facebook. Force est par ailleurs de constater que trop peu nombreuses sont les institutions culturelles de cette envergure prenant le risque de diffuser une oeuvre rare par des moyens aussi technologiques.

L’intrigue de l'opéra se déroule à Antioche, en 130 après Jésus-Christ. L’empereur romain Adrien est victorieux des Parthes et s’éprend d’Émirène, prisonnière de guerre, qui repousse ses avances. De là part une suite d’intrigues amoureuses entre l’empereur, Sabine sa promise, Émirène et son époux Pharnaspe.

Mais les allusions monarchiques que Hoffman n’a pas souhaité retirer de son livret incitent la Commune de Paris à interdire l’œuvre. Le contexte politique ne se prête pas à la glorification du pouvoir étatique absolu incarné par le personnage éponyme. Après révision (le rôle d'Adrien fut notamment transformé en « général ») l’opéra sera créé le 4 juin 1799.

La page d'introduction du livret original d'Adrien

À travers cette oeuvre, c’est un style opératique tout entier que la Fondation Bru Zane nous invite à découvrir. Pris en étau entre deux époques fastes de la composition française marquées par Rameau en amont et Berlioz en aval, le style épique de l’opéra révolutionnaire n’a pas survécu à la postérité. Pourtant, cette époque marque une transition de taille entre ces deux ères musicales radicalement différentes.

C'est sous la direction de György Vashegyi que la Purcell Choir et l'Orfeo Orchestra font renaître ce chef-d'oeuvre du répertoire français. Enregistré en 2012 au Palais des Arts de Budapest, ce travail est une nouvelle pierre apportée à l’édifice que la Fondation consacre à l’oeuvre de Méhul. Il précède d'ailleurs la production d’une autre oeuvre peu connue du compositeur, l’opéra Uthal, qui sera donné à l’Opéra de Versailles le 30 mai prochain.

Découvrez le teaser de l'enregistrement

Écoutez l'oeuvre en qualité Studio Masters