Stormzy, le grime parfait

Le titre de son nouvel album en dit long. La tête baissée, la couronne lourde, les yeux rivés sur le gilet pare-balles de Banksy qui habilla son iconique prestation à Glastonbury, c’est sûr, Stormzy a repris un trône douloureux, celui du grime engagé contre les injustices sociales, soutenant ouvertement le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn.

Avec Heavy Is The Head, son second opus, Michael Omari, de son vrai nom et 24 ans seulement au compteur, clôture une année bien mouvementée pour l'Union Jack. Alors oui, sans surprise, cet album draine son lot de guest star pour assurer un mélange R&B, grime et pop comme son prédécesseur Gang Signs & Prayers (2017). Ed Sheeran et Burna Boy sur les basses du tubesque Own It parfaitement calibré pour les ondes, H.E.R sur One Second ou YEBBA sur l'intimiste Don’t Forget to Breathe.

Plus étonnant, car il s’y refusait, le roi du grime dégage quelques espaces plus introspectifs comme sur l’intimiste Lessons, où il aborde sa rupture avec Maya Jama. Pour autant, le MC de Croydon n’oublie plus son principal objectif. Égrenant quelques clins d’œil aux aînés dans les codes du genre (Wiley Flow, Bronze), Stormzy charge l’opus de quelques bangers bien sentis aux beats claustrophobiques.

Si l’excellent Audacity avec Headie One mitraille la nouvelle génération de rappeurs, l’art de la formule et les rimes sur les laissés pour compte de la politique libérale opèrent sur Vossi Bop (« I could never die, I'm Chuck Norris / Fuck The Governement and Fuck Boris ») que l’épaisse foule de Glastonbury scandait en chœur. Shut Up et millions de vues sur YouTube avait déjà posé les jalons en 2015, le grime n’est plus dans les faubourgs.

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