Un magnifique récital de pièces françaises pour la soprano londonienne accompagnée par son compatriote pianiste Joseph Middleton...

On avait littéralement adoré le premier récital Chandos de Louise Adler, merveille de lyrisme et de sensibilité (Lines Written During a Sleeplesss Night), où elle s’immergeait avec délice dans des mélodies de Rachmaninov, Sibelius, Tchaikovski et Medtner notamment : sa voix presque élastique, son ambitus large, son timbre ambré exprimaient naturellement les teintes crépusculaires des harmonies russes et scandinaves.

Dans son second récital intitulé Chère nuit, Louise Alder voyage en France, toujours aux côtés de l’excellent Joseph Middleton, et propose un programme varié, centré principalement sur le XXe siècle, avec une petite incursion en plein XIXe siècle romantique, avec trois mélodies de Pauline Viardot – un monde dont l’ambiguïté esthétique, entre Romantisme exubérant, et intimité du salon, convient parfaitement à son soprano généreux (Haï luli!, VWV 1106).

Louise Alder and Joseph Middleton: Chère Nuit

Chandos Records

Son timbre naturellement charnu et aéré lui permet aussi d’ouvrir naturellement en grand les espaces du triptyque Shéhérazade de Maurice Ravel, dont on se demande quelle est cette manie contemporaine de jouer la version avec piano : heureusement, l’élégance coloriste de Joseph Middleton et l’art de dire le texte de la chanteuse (intelligibilité presque parfaite), et simplement de phraser, combleront la frustration de ne pas entendre la version originale. Louise Alder rappelle presque ici son illustre aînée Heather Harper, mémorable dans ce cycle.

Trois somptueuses mélodies de jeunesse, un rien décadentes, d’Olivier Messiaen feront le lien plus délicat avec l’univers de Debussy. Plus tard, quelques (re)découvertes, avec trois mélodies de Cécile Chaminade et Chère nuit d’Alfred Bachelet, compositeur rarement défendu !

Louise Alder ne se déboutonnera pas assez dans les Poulenc et les Satie, elle se heurte même à la beauté naturelle de sa voix (La Diva de ‘l’Empire’), qui l’empêche de varier les actions, et les intentions expressives. Mais enfin, une telle voix, doit être chérie, et la musicienne remerciée. À quand un album italien ou espagnol ?

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