S'il avait voulu concevoir le programme le plus éclaté qui soit d'oeuvres pourtant écrites à quelques décennies d'intervalle, Daniele Gatti n'aurait pas choisi différemment : des extraits du Crépuscule des dieux de Wagner, les Variations Haydn de Brahms et, pour finir, les Trois pièces op. 6 de Berg

Le Crépuscule des dieux : 1870-75. Les Variations Haydn : 1873. On ne peut que constater la simultanétité quasi-parfaite, et pourtant un monde sépare ces musiques. Rien de tel que ces juxtapositions pour souligner combien, en cette époque séminale de l'Histoire de la musique, les optiques ont évolué de mille manières éclatées, pour paver le chemin à des Debussy, des Stravinsky, des Schönberg - qui admirait le modernisme de Brahms, une conception qu'il fut quasiment le seul à défendre en son temps - et naturellement des Berg dont les Trois pièces, dédiées précisément à Schönberg, datent de 1913-14.

La partie wagnérienne du programme de ce concert du samedi 25 octobre (19 heures pour le direct de Berlin ! notez l'horaire !) donnera l'occcasion d'entendre, extraits du Crépuscule des dieux : Aube, Voyage sur le Rhin de Siegfried, Mort de Siegfried et Marche funèbre du même Siegfried - uniquement des passages orchestraux, donc, de grande ampleur, au discours narratif et imagé. Par contraste, les Variations Haydn de Brahms, qui préfigurent d'une certaine manière le dernier mouvement sous forme de passacaille de la Quatrième symphonie, semblent faits tout de transparence et de rigueur, y compris dans le finale triomphant.

Les Trois pièces pour orchestre Op. 6 de Berg, commencées peu avant le début de la Première guerre mondiale, ne furent créées quen 1923 - précisément par le même Philharmonique de Berlin, sous la direction de Webern. Et encore, seuls les deux premiers mouvements y furent donnés, le troisième devant attendre 1930 et quelques retouches pour avoir enfin voix au chapitre. On peut sans aucun doute déceler dans ces trois pièces tout autant la rigueur d'écriture de Brahms que le raffinement orchestral de Wagner - ainsi, d'ailleurs, que l'usage d'un orchestre surdimmensionné bien wagnérien.

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