2014 sera baroque ! Pour célébrer les 250 ans de la disparition de Jean-Philippe Rameau, les institutions musicales mettront à l’honneur le grand compositeur français du XVIIIe siècle.

En 2014, le Ministère de la Culture et de la Communication souhaite rendre hommage à la musique de Jean-Philippe Rameau. L’année marque en effet les 250 ans de la disparition de l'un des plus grands compositeurs du XVIIIe siècle. Pour célébrer l’œuvre de ce compositeur méconnu du grand public, les institutions culturelles de l’Hexagone - avec en tête de proue le Centre de Musique Baroque de Versailles - ponctueront l’année par des expositions, des conférences et, bien sûr, des concerts.

C’est en grande pompe que se sont ouvertes jeudi dernier les festivités de l’année à l’Opéra Royal de Versailles. Sous la direction de son fondateur Hervé Niquet, le Concert Spirituel a interprété Les Fêtes de l’Amour et de l’Hymen en version de concert. Cet opéra-ballet a été créé le 15 mars 1747 au Manège de la Grande Écurie de Versailles, à l’occasion du second mariage du dauphin, le fils de Louis XV, avec Marie-Joseph de Saxe. L’opéra fut bien accueilli par le public, puis repris à Paris un an après à l’Académie de Musique.

276 années plus tard, un autre public a donc assisté à une "recréation mondiale" et la pluie d'applaudissements qui a clôt le concert témoigne de son ravissement. Les passages de l'orchestre censé accompagner la danse, laissaient libre cours à l'imagination de l'auditoire, dans un univers enchanté parsemé d'allégories de dieux de diverses mythologies. Ainsi, 250 ans après sa disparition, Rameau émeut encore par les scènes bucoliques qu'il dépeint.

Né à Dijon le 25 septembre 1683 d’une mère issue de la petite bourgeoisie et d’un père organiste, Rameau est rapidement immergé dans l’univers de la musique. Formé par son père, puis envoyé par ce dernier en Italie pour y parfaire son éducation musicale, il connaîtra de longues années d’errance avant de jouir d’une notoriété certaine. En 1722, Rameau s’installe à Paris et y écrit de nombreuses comédies et autres opéras comiques pour les foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il composa Les Sauvages, dernier acte des Indes Galantes, à l’occasion de l’exhibition d’indiens d’ Amérique du Nord. Plus tard, son librettiste Alexis Piron, également dijonnais, l’introduira à l’un des hommes les plus riches du pays, Alexandre Le Riche de La Pouplinière, qui deviendra son mécène. C’est aussi par ce biais que Rameau rencontrera ses futurs librettistes, Voltaire et Rousseau. A l’âge de quarante ans, Rameau goûte enfin au succès en créant dans les salons de La Pouplinière sa tragédie Hippolyte et Aricie. Sa carrière est ainsi lancée et se distinguera par deux périodes d'activité séparées par sept années d'absence. La première partie de sa carrière, de 1733 à 1739, marque le génie du compositeur. C’est à cette période qu’il crée ses œuvres les plus marquantes. Parmi elles, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, Dardanus et les Indes Galantes. Pour des raisons toujours inconnues, Rameau s’éclipse de la scène musicale. Ce n’est qu’en 1745 qu’il réapparaît avec La Princesse de Navarre, comédie-ballet dont le livret est signé par Voltaire. La pièce est représentée à Versailles à l’occasion du mariage du Dauphin Louis de France avec Marie-Thérèse, infante d’Espagne. C’est à cette période qu’il rencontre Diderot et d’Alembert et publie, en 1750, sa Démonstration du principe de l’harmonie. Il se sépare trois ans plus tard de La Pouplinière pour s’adonner à ses activités de compositeur et de théoricien dans son appartement parisien, entouré de sa femme et de ses enfants. Rameau s’éteindra le 12 septembre 1764 à l’âge de 81 ans et sera inhumé le lendemain à l’église Saint-Eustache.

Bien que jouée jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, la musique de Rameau est laissée de côté au cours du XIXe siècle. C'est au siècle suivant que des compositeurs tels que Dukas et Debussy la remettront au goût du jour, jusqu’à ce que sa musique réapparaisse avec l’engouement des années 1980 pour la musique ancienne.

L’année Rameau a donc pour objectif de faire perdurer ce regain d’intérêt tout en faisant découvrir les œuvres du compositeur à un public large, à travers des actions éducatives et culturelles en partenariat avec l’Éducation Nationale et les collectivités locales. Cette année Rameau a débutée avec une exposition qui lui est dédiée, à la Médiathèque musicale de Paris et qui se poursuivra dans toute la France à travers la présentation des œuvres de celui qui, selon Berlioz, « est le premier musicien français qui mérite le nom de maître ».

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