Que ce soit dans sa vie privée ou dans ses chansons, l’interprète de Ma Révérence a toujours mis la passion au centre de tout. Retour sur la carrière mouvementée d’une artiste incandescente, responsable d’une œuvre de 27 albums studio et live.

Le 20 mars 1972, une bombe est lâchée dans le petit monde de la variété française avec la parution du premier album de Véronique Sanson, sobrement intitulé Amoureuse. C’est Michel Berger, alors directeur artistique chez WEA, qui lui a mis le pied à l’étrier en la signant chez Elektra (filiale de WEA) un an plus tôt. Les deux collaborateurs amants accouchent rapidement de cet album arrangé avec goût par Michel Bernholc, futur orchestrateur de Starmania et compositeur de la BO des Bronzés. Le titre Amoureuse, repris dans plusieurs langues par Sanson elle-même et par d’autres (Gary Osborne, Patti Dahlstrom…) fait figure de carte de visite idéale pour pénétrer dans l’univers à la fois exalté et tourmenté de la chanteuse (« Une nuit, je m’endors avec lui / Mais je sais qu’on nous l’interdit »). Quant à Besoin de personne, le véritable tube de l’album, il définit lui aussi parfaitement la personnalité de l’auteure-compositrice-interprète. Véronique Sanson est une artiste libre et moderne, qui n’a besoin d’aucun pygmalion pour se développer artistiquement. Elle assume tous ses choix, y compris sentimentaux… au grand dam de Michel Berger, qu’elle abandonnera du jour au lendemain à l’automne 1972 pour aller vivre « l’avventura » américaine avec Stephen Stills, membre du groupe Buffalo Springfield.

D’une manière générale, Amoureuse évoque l’attirance de Véronique Sanson pour l’idée de passion : passion pour les différents amours de sa vie, mais aussi pour son instrument de prédilection, le piano, lequel est particulièrement mis en avant dans ce premier opus. Accompagné parfois de guitares (folk ou électriques), de nappes de cordes et d’une rythmique pop, l’instrument à touches noires et blanches est donc le principal moyen d’expression du romantisme de Véronique Sanson, comme le prolongement de son âme bouillonnante. C’est le fidèle compagnon dont elle ne se sépare jamais, comme elle le confessera plus tard : « Je pars toujours en tournée avec mon piano, qui est un piano avec des roulettes et des freins. D’ailleurs, comme on l’a beaucoup malmené, ce n’est plus vraiment un piano maintenant. C’est un piano de combat, un piano de guerre, avec ses blessures, ses entailles, sa maturité. […] Mais comme moi, he’s still standing. » (La Douceur du danger, Véronique Sanson & Didier Varrot, Plon, 2005).

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