Certes, le sublime Poème de l'amour et de la mer d'Ernest Chausson n'est peut-être pas l'ouvrage le plus "français" du répertoire hexagonal, d'aucuns y ayant vu une certaine incidence wagnérienne, ce qui n'est pas forcément faux mais as entièrement vrai non plus... Il n'en reste pas moins que le poème de Maurice Bouchor ainsi mis en musique est l'un des fleurons du répertoire de la grande mélodie orchestrale - certes la version pour piano et chant prédate la version pour orchestre de quelques mois seulement, mais la texture reste résolument orchestrale -, et que la soliste choisie par le Philharmonique de Berlin n'est autre que Sophie Koch, qui avait fait ses débuts berlinois voici huit ans avec L'Enfant et les sortilèges. Il va sans dire, mais c'est encore mieux en le disant, que Koch chante la version pour voix moyenne, dont le coloris orchestral est sans doute plus sombre que la version pour voix aiguë. Les deux versions datent de l'époque du compositeur, il n'y a donc pas une "vraie" tonalité et une autre "moins vraie".
Christian Thielemann poursuit avec les délicieuses Danse sacrée et danse profane pour cordes et harpe de Debussy, la partie soliste étant tenue par la harpiste solo du Philharmonique de Berlin, la très française Marie-Pierre Langlamet. Et, toujours dans une certaine veine intimiste, le concert s'achève avec le toujours si émouvant Requiem de Gabriel Fauré, le summum absolu de la transparence harmonique et orchestrale. Un début d'année tout en tendresse et en irisations.
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