Quatre concerts parisiens attendent Le Prince Miiaou, révélations 2009 atypiques de la scène rock française.

Révélation hexagonale ovni de ces derniers mois, Le Prince Miiaou promènera son art félin que certains comparent à celui, anguleux, de PJ Harvey, sur la scène de Main d’œuvre (30 janvier), à la Maroquinerie (19 février, en première partie de Chokebore), à la Flèche d’Or (10 mars) et au Café de la Danse (3 mai).

Un peu gauche, naïvement adroite, joliment dégingandée, Le Prince Miiaou n'est pas un chat, n'est pas un garçon, n'est pas un groupe. Le Prince Miiaou est Maud-Elisa Mandeau, est une fille, est seule. Ce nom de scène, elle l'a choisi sans considération philosophique, anthropologique ou météorologique, il fallait en choisir un... parce que. Malgré tout, elle aime le masculin alors qu'« elle » et pas « il », elle aime le côté monarchique associé au titre de Prince parce que concernant sa musique elle n'est pas du tout démocratique, elle aime, non pas les chats mais la naïveté du mot « miiaou » parce qu'elle est un peu nouille et surtout elle n'aime pas l'idée d'être Camille, Anaïs, Rose, Olivia, Emilie ou Pauline parce que…

Ainsi, pas de savoureuse anecdote, pas d'histoire captivante qui commencerait par : « un jour j'étais en train de gravir une montagne en trottinette quand un vieux Ninja m'a dit... », non, rien... juste un livre de contes perses ouvert à la table des matières pour donner des idées. Ç'aurait pu être « la grenouille et la soupe enchantée », « le crabe Octave» ou « Mon cul sur la commode » mais non, ce fut « Le Prince Miaou » qui devint Le Prince Miiaou avec deux « i ».

Maud-Elisa Mandeau vient de la campagne. Elle a beaucoup grandi dans les champs et les bois de Réaux (400 habitants, Charente-Maritime), un petit peu dans la ville de Jonzac (4000 habitants, Charente-Maritime) et après elle a moins grandi mais dans des grandes villes, Bordeaux puis Paris (beaucoup d'habitants). Dans le salon à Réaux, elle écoutait surtout Higelin et du jazz (Stan Getz, Miles Davis, Dave Brubeck) le soir où il y avait des invités. Dans la cuisine, elle écoutait Chopin et des compiles improbables et pourries de musique Turque, Egyptienne ou Marocaine que sa mère ramenait de voyage. Dans sa chambre, elle écoutait les Spice Girls, Green Day et les Têtes Raides. A travers la cloison, elle pouvait entendre les disques de son frère : les Doors, Nirvana et Radiohead.

Le Prince Miiaou a une culture musicale avoisinant le néant et elle s'en fout. Elle régente sa culture musicale comme ses relations sociales en préférant connaître très bien 20 albums qu'avoir 250 connaissances qui ne la touchent pas ou peu.

Le Prince Miiaou en tant que « shaker humain » revendique ses influences : Mogwai pour l'avoir noyée dans les reverbs et les montées, Higelin pour sa folie, PJ Harvey pour sa classe et son aplomb sur talon, Xiu Xiu pour le côté viscéral, Arcade Fire parce qu'ils la rendent heureuse de faire partie de la race humaine, Animal Collective pour leur tribalité, The Cinematic Orchestra parce qu'ils savent faire du jazz pas chiant, Encre pour son arrogance, Radiohead mais surtout les frères Greenwood pour leur génie de composition et Chokebore parce que.

En 2006, alors guitariste chanteuse dans un projet post rock depuis 2002, Maud-Elisa, dit au revoir aux membres du groupe, leur vole le mode d'emploi des logiciels Cubase et Reason, détruit son abonnement SNCF Paris - Angoulême pour passer ses week-end dans sa chambre parisienne à composer ses premiers morceaux (l'auteur a un peu simplifié l'histoire, c'est plus compliqué que ça la vie...). Ce qui n'était alors qu'un récipient numérique, une bassine à idées devient rapidement un dossier « le prince miiaou » dans lequel les titres s'accumulent, forment un sous dossier « nécessité microscopique ! » album qui sera enregistré en mars 2007. Les titres s'accumulent toujours et forment un nouveau sous dossier Safety First, album enregistré entre juillet et août 2008.

Maud-Elisa bien qu'autodidacte, compose tout ce qui est donné à entendre sur ses albums SEULE et cette précision lui tient à cœur. Entêtée et féroce, elle préfère composer une partition de batterie (au coup de Charley près) et des arrangements (qu'elle ne comprend même pas) SEULE qu'ils soient mauvais ou bons plutôt que de prêter son terrain de jeu. Parce que pour elle, Le Prince Miiaou est l'unique chose de sa vie entière lui appartenant, dont elle peut faire ce qu'elle veut, comme elle veut, qu'elle ne doive qu'à elle-même, qu'elle possède vraiment et pour toujours.

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