Les musiques éthiopiennes actuelles résonneront à la Cité de la Musique les 4 et 5 février.

Vendredi 4 et samedi 5 février, la Cité de la Musique à Paris proposera un week-end consacré à la scène musicale éthiopienne actuelle.

Cette célébration débutera vendredi 4 février, à 20h, par le programme Lalibela, la « Jérusalem Noire » avec un concert d’Alèmu Aga suivi d’une prestation du Chœur de debteras, diacres de l'église de Saint-Yared.

Né en 1950 dans une famille modeste près d’Addis Abeba, Alèmu Aga est devenu un maître de l’instrument qui accompagne ses chants religieux ou populaires, la bèguèna, lyre à dix cordes communément qualifiée de harpe du roi David et traditionnellement réservée aux debteras, moines ou clercs lettrés, ainsi qu’à la noblesse. Ce qui a d’ailleurs entraîné son interdiction sous le régime stalinien du Derg, de 1974 à 1991.

L’Éthiopie, convertie dès le IVe siècle, est l’une des premières chrétientés. L’Église orthodoxe copte fait remonter la tradition du chant liturgique des debteras à saint Yared, au VIe siècle. Cas singulier dans l’histoire du christianisme, cette liturgie fait appel à des danses et des tambours (kebero et negarit).

Le lendemain, samedi 5 février, un forum sur les musiques orthodoxes d’Ethiopie réunira à 15h Stéphane Ancel, historien, Anne Damon-Guillot, musicologue et ethnomusicologue, et Stéphanie Weisser, musicologue. Introduit en Ethiopie au IVe siècle, le christianisme a ensuite été établi en tant que religion d’Etat. Désormais détachée de la tutelle de l’Eglise copte égyptienne, l’Eglise chrétienne orthodoxe d’Ethiopie est autocéphale depuis 1959 et actuellement, les chrétiens orthodoxes, majoritaires en Ethiopie, représentent environ la moitié de la population. C’est au VIe siècle que, sous l’inspiration divine, saint Yared aurait donné naissance à une tradition musicale sacrée et fixé le corpus musical zéma de l’Eglise éthiopienne constitué de chants a cappella ou avec accompagnement instrumental et gestuel. Quant à la lyre bèguèna, instrument des chrétiens amhara et tigréens des hauts-plateaux centraux, elle n’est pas intégrée dans la liturgie, mais est néanmoins largement associée au domaine spirituel, à la fois par son caractère symbolique (elle serait l’instrument donné par Dieu au roi David) et par sa fonction puisqu’elle est considérée comme un médiateur avec le divin.

Cette table ronde sera suivie à 17h30 d’un nouveau concert d’Alèmu Aga.

Ce même samedi 5 février, à 20h cette fois, ce cycle éthiopien se terminera en musique grâce aux Jazzmaris. Mot-valise, contraction de jazz et azmaris, c’est le nom des traditionnels bardes d’Éthiopie. Le répertoire du groupe se compose de chansons éthiopiennes modernes – comme celles chantées par Mahmoud Ahmed, Girma Beyene, Muluken Melesse ou Telahoun Gessesse –, qu’ils revisitent dans des arrangements puisant aux sources du jazz, du rock et des musiques improvisées. Jazzmaris est composé d’Olaf Boelsen (saxophone alto), Jörg Pfeil (guitare), Henock Temesgen (basse) et Nathaniel Tesemma (batterie). Et pour cette soirée, la formation sera rejointe par Zeritu (chant), Michael Haylou (guitare électrique), Kirubel Tesfaye (piano électrique), Samuel Yirga (piano), Grasella Luigi Bonefeni (chant) et Ruth Teklemariam Gebremeskel (chant).

Depuis la chute de la dictature du Derg en 1991, les musiques éthiopiennes ont connu un saisissant renouveau. En particulier dans les azmaribets, sortes de cafés ou de cabarets populaires animés par les azmaris, qui sont à l’origine des bardes, des ménestrels vagabonds à la langue bien pendue. Ils se sont approprié la ville d’Addis Abeba et ses lieux nocturnes en contribuant à l’émergence d’un genre musical spécifique, appelé bolel (littéralement : fumée, gaz d’échappement), issu du métissage entre la tradition et la culture urbaine. La Cité de la Musique les accueille en transformant pour l’occasion la Rue musicale en Café Azmari.

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