Avec Le Salon des refusés, Claire Diterzi dresse un intense et beau bilan de sa résidence tumultueuse à la Villa Médicis. Rencontre autour de cette parenthèse romaine dont elle porte encore les cicatrices.

Et la fête vira au cauchemar… En 2010, l’annonce de la résidence à la Villa Médicis de Claire Diterzi provoque un tollé, souvent haineux. Première artiste de musique « actuelle » (comme on dit aujourd’hui) à séjourner dans la mythique demeure romaine, la chanteuse ovni encaisse alors les cris de personnalités du monde de la musique contemporaine. Une troupe outrée qui envoie au Ministre la Culture du moment, Frédéric Mitterrand, une lettre ouverte présentant son inquiétude sur un « désintérêt pour l'art non directement rentable au profit d'une production artistique qui, séduisante par essence, a la faculté de mettre tout le monde d'accord sans aucun effort.» Comme si la Diterzi était Chimène Badi, Zazie ou Johnny… Ceux qui suivent de près l’ancienne chanteuse de Forguette Mi Note et qui goûtent à ses créations, fruits de rencontres avec chorégraphes (Philippe Decouflé), metteurs en scène (Marcial Di Fonzo Bo) et figures historiques (Rosa Luxemburg), savent qu’elle n’est pas vraiment une musicienne comme les autres. Avec Le Salon des refusés, elle ne se contente pas juste de mettre en musique cette parenthèse romaine. Sa plume sort épurée de cette expérience. Même l’instrumentarium pour lequel elle a opté – viole de gambe en tête – confère à son univers de nouvelles teintes et des cambrures inédites. Un dénuement qui rend ses chansons plus intenses et plus personnelles sans doute. De quoi l’éloigner un peu des Björk, Kate Bush et autres Brigitte Fontaine auxquelles on la rattache souvent… Rencontre sans langue de bois avec une artiste encore sous le choc de sa résidence romaine, un épisode ayant au moins eu le mérite d’accoucher d'une œuvre forte.

Claire Diterzi : interview vidéo Qobuz

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