Révélée en 2005 grâce à la technologie d'amplification à découpage (encore appelée numérique) qu'elle avait mise au point, et fréquemment récompensée depuis, la jeune société américaine NuForce ne cesse d'étonner par ses réalisations.
Que ce soit au travers de ses convertisseurs, comme le modèle DAC-9, testé par Qobuz en mai dernier, ou encore les modifications qu'elle réalise (avec grand soin) sur les lecteurs de Blu-ray de marque Oppo, comme le BDP-93 NE (NuForce Edition), ce fabricant affirme son grand savoir-faire même en retravaillant des appareils d'autres marques !
L'importateur de NuForce en France, Next Audio, nous a confié le dernier-né des convertisseurs NuForce, le DAC 100. Cet appareil dispose d'un amplificateur pour casque travaillant en pure Classe A (le summum selon certains audiophiles), il possède quatre entrées numériques acceptant des signaux échantillonnés sur 24 bits à 192 kHz et peut également faire fonction de préamplificateur grâce à sa sortie stéréo à niveau variable sur prises Cinch.
Partons maintenant à la découverte de cet appareil qui nous a enthousiasmés sur toute la ligne !
Présentation
Le NuForce DAC 100 se présente avec une esthétique moins futuriste que son aïeul, le modèle
La façade, qui est assez large, offre une hauteur réduite et ses quatre angles sont arrondis.
Elle présente sur toute sa longueur une partie légèrement en retrait, recouverte par un bandeau de plexiglas noir. Prennent place sur cette façade, la prise casque au standard Jack 6,35, les quatre boutons poussoirs correspondant aux sources (numérotés de 1 à 4 et rétro éclairés), trois diodes LED bicolores indiquant la fréquence d'échantillonnage, et le bouton de volume sur lequel une pression sert à la mise en marche ou à l'arrêt.
L'indicateur de fréquence d'échantillonnage par LED bicolore blanche-bleue est le même que le convertisseur USB-S/PDIF U192S. L'éclairage en blanc de la première LED correspond à 44,1 kHz, de la seconde à 88,2 kHz et de la troisième à 176,4 kHz. L'éclairage bleu correspond respectivement à 48kHz, 96 kHz et 192 kHz. C'est simple, discret et efficace.
Le DAC 100 est livré avec une petite télécommande qu'il ne semble pas nécessaire de détailler. Mentionnons cependant que le bouton de volume de la façade n'est pas motorisé et que l'action sur le volume de la télécommande n'affectera pas la position de ce bouton. Néanmoins c'est l'action sur celui-ci qui reste prioritaire, et, quel que soit le réglage préalable obtenu depuis la télécommande, si on agit sur le bouton de volume, c'est le réglage correspondant à sa position qui sera pris en compte, comme pour un potentiomètre.
En effet, si cette commande en façade fait appel à un potentiomètre, celui n'est pas sur le trajet du signal mais sa position est prise en compte par le micro contrôleur qui commande un atténuateur à 32 bits offrant une très grande précision tout en respectant les micro informations. Cet atténuateur est également piloté par la télécommande.
La connectique
La face arrière reçoit une embase secteur avec interrupteur et porte-fusible intégré. les entrées numériques sont au nombre de quatre, trois entrées S/PDIF (deux coaxiales et une optique) et une entrée USB de type B à relier à un ordinateur.
On peut également remarquer la présence d'une vis permettant de mettre le châssis à la terre.
La fabrication
Le DAC 100 bénéficie indéniablement d'une fabrication de grande qualité, en particulier son châssis, d'une grande rigidité, est cuivré afin d'améliorer sa conductivité pour mieux faire barrage aux parasites extérieurs indésirables.
Seuls quelques rares fabricants d'électroniques audiophiles, généralement de haut, voire très haut de gamme, recourent à cette solution de luxe.
De même, le transformateur d'alimentation, un modèle toroïdal de qualité de marque Noratel, de taille plus que respectable pour ce type d'appareil, prend place dans un compartiment l'isolant du reste de l'électronique.
NuForce ne joue donc pas la carte de l'alimentation extérieure optionnelle en équipant le DAC 100 d'une économique alimentation à découpage de type bloc secteur et intègre d'office une alimentation "linéaire" de qualité.
C'est un point qui mérite d'être souligné et auquel de nombreux audiophiles seront sensibles, car il est clair qu'une alimentation linéaire, par nature, ne génère pas de bruit haute fréquence, et qu'elle correspond à une certaine "éthique" quant à cette partie d'une électronique audio.
Le filtrage de cette alimentation n'utilise pas moins de dix-sept condensateurs de 1500 μF/25V, répartis entre le filtrage "de tête" (après le pont redresseur) et le filtrage après les régulateurs.
La régulation de l'alimentation de la logique de contrôle est assurée par un classique régulateur 5V de type LM7805 tandis que les tensions d'alimentation de la partie analogique et le 5V destiné aux étages de conversions sont confiées à deux régulateurs ajustables positifs LM2941 (tensions +5V et +12V) et un régulateur ajustable négatif LM2991 (tension -12V).
Du fait de la polarisation en classe A des transistors de l'ampli casque, tous ces régulateurs sont montés sur un dissipateur assurant leur refroidissement.
Les interface USB et S/PDIF
Une carte fille assurant l'interface USB est montée via deux connecteurs sur le circuit principal. Celle-ci utilise le même circuit intégré que celui utilisé sur le U192S et développé par NuForce (les drivers sont les mêmes). Cette interface fonctionne en mode asynchrone.
Un circuit émetteur-récepteur (transceiver) Asahi Kasei AK4118 (en bas à gauche sur la photo) assure la commutation des signaux numériques en provenance de l'interface USB et ceux provenant des trois entrées S/PDIF.
Conversion numérique analogique et amplificateur casque
Comme tout un chacun qui acquiert un DAC 100 et jette un oeil inquisiteur à l'intérieur (y compris les espions industriels !) nous avons pu constater que NuForce faisait appel pour la conversion numérique analogique à un modèle à très hautes performances Asahi Kasei AK4390 (1) sur lequel on peut remarquer l'indication "audio4pro".
Ce convertisseur peut traiter des signaux jusqu'à 32 bits échantillonnés à la fréquence maximale de 216 kHz. Il intègre un atténuateur à 256 niveaux (servant à la commande du volume) et ses propres filtres passe-bas de type "à capacité commutée" et ne nécessite pas de post-filtrage externe par amplificateur opérationnel, ce qui est le cas sur le DAC 100, ces derniers, même les meilleurs, ayant la fâcheuse habitude de travailler avec des taux de contre-réaction élevés, quand ce n'est pas une contre-réaction totale.
Nous pouvons dire d'expérience que ce type de filtrage "à capacité commutée" plait particulièrement à nos oreilles par la sensation de grande authenticité qu'il procure à la restitution sonore.
En sortie du convertisseur AK4390, le signal est envoyé vers l'amplificateur casque au travers d'un condensateur Wima à couche plastique de 4,7 μF (2), lequel est suivi d'un filtrage passif résistances-condensateurs (3) et attaque un amplificateur opérationnel LM4562 à "ultra faible bruit et ultra faible distorsion"(4).
Un transistor MosFet International Rectifier IRF510 (5), polarisé en Classe A par le biais d'un générateur de courant construit autour d'un LM317 (6) et piloté par le LM4562 se charge alors de fournir la puissance au casque (étage Single-Ended Class A, en anglais, de type "source follower" ou source suiveuse). Cette puissance peut atteindre 500 mW, ce qui est plutôt important pour un amplificateur pour casque.
On remarquera que les IRF510 et les LM317 sont montés sur d'épaisses plaques de refroidissement et que les signaux sont commutés par un relai (7) qui sert également au "mute" lorsque cette fonction est activée par la télécommande.
Un circuit programmable Xilink Spartan XC3S200A (A) se charge, entre autres, de générer une horloge ultra stable à partir d'un oscillateur commandé en tension (VCXO) SiLabs Si552 (B), horloge avec laquelle l'étage d'entrée synchronisera les signaux afin d'obtenir un jitter inférieur à 15 pico-seconde (10-12seconde), tandis que la gestion de la carte est confiée à un micro contrôleur Microchip PIC16F1939 (C).
Notons pour clore ce descriptif que NuForce précise son point de vue sur le traitement du flux numérique dans un DAC (paragraphe "No-upsampling") et qu'il se positionne pour le traitement en natif de ce flux : "Un étage à DAC 24 bits à 192 kHz convertit avec précision les données numériques audio à leur taux d'échantillonnage natif en signaux analogiques. Aucun sur-échantillonnage ou autre manipulation discutable sur les données n'est jamais employé".
N'ayons pas peur de dire que c'est aussi notre point de vue, et que nous pensons que les techniques de sur-échantillonnage ou de conversion de taux d'échantillonnage, si elles peuvent procurer des résultats très flatteurs aux mesures et une restitution agréable, restent des artefacts. Seule la restitution d'un fichier audio numérique dans son format natif est, selon nous, la plus à même d'offrir la plus grande fidélité à la prise de son originelle. Reste effectivement à savoir ce que l'on recherche.
A l'écoute
Et effectivement, si l'on recherche une grande fidélité de la restitution, le DAC 100 est un excellent candidat dans la catégorie, et peut-être même bien un champion.
Notons que l'importateur recommande de laisser chauffer le DAC 100 avant de l'écouter, bien qu'un bon appareil sonne bien "tout de suite", même si on peut trouver qu'il sonne mieux à chaud. Il ne nous paraît cependant pas nécessaire d'attendre des heures voire des jours (!) pour stabiliser la température d'une électronique.
En effet, les transistors MosFet IRF510 des étages de puissance "s'autorégulent" en température (ils ne sont pas sujets au phénomène "d'avalanche" comme les transistors bipolaires dont le courant augmente avec la température, provoquant un emballement thermique et leur destruction), de même que les LM317 leur servant de source de courant, qui intègrent une protection SOA (Safe Operating Area, ou aire de fonctionnement sans dommage). Arrivés à une certaine température, ces composants qui fournissent le son au casque n'en bougeront donc plus.
Casque Focal Spirit One Qobuz Edition sur les oreilles, Foobar2000 en mode Kernel streaming, l'écoute de Barcelona et de La Japonaise de l'album Barcelona par Freddie Mercury et Montserrat Caballe, en qualité Studio Masters, est un véritable régal. C'est de manière quasi instinctive que l'on a arrêté le réglage du volume, ce n'est ni trop fort ni pas assez, c'est tout simplement bien. Généralement c'est à cela que l'on reconnaît une grande électronique, elle est immédiatement "en phase" avec notre ouïe.
Le spectacle sonore est de toute beauté, les forte des voix de la star du rock et de la diva passent avec une aisance remarquable tout comme les moindres inflexions qui "sonnent" avec naturel, et la restitution, même au casque, bénéficie d'une bonne sensation d'espace et d'une large bande passante ne privilégiant aucune partie du spectre sonore.
Même plaisir immense à écouter l'album Mission de Cecilia Bartoli, également en qualité Studio Masters, où l'on peut apprécier les subtilités de la voix de l'artiste restituées avec une grande finesse, de même que le sont les sonorités si particulières des instruments baroques de l'ensemble I Barocchisti dans cette interprétation d'oeuvres du compositeur Agostino Steffani.
Par ailleurs, si la restitution sonore du DAC 100 sur casque nous a paru excellente, ce convertisseur nous a véritablement bluffés en utilisation préamplificateur, bien que NuForce ne recommande pas cette utilisation sans dire pourquoi. Selon nous c'est le niveau de sortie maximal de 2V qui n'est pas suffisant pour tirer toute la puissance d'un amplificateur. Mais ça n'empêche pas d'atteindre déjà un niveau sonore confortable.
Branché sur mes enceintes personnelles, des modèles actifs multi amplifiés, le DAC 100 a délivré une restitution sonore qui m'a semblé plus qu'excellente.
La restitution de l'album Barcelona acquiert une dimension sonore que le meilleur des casques ne pourra jamais procurer. Les interprètes semblent prendre leurs véritables dimensions et paraissent être dans la pièce tandis que l'équilibre sonore est excellent et que l'impact des forte est véritablement physique.
Dans un genre musical moins expansif, le DAC 100 nous fait pleinement apprécier le jeu de piano de Khatia Buniatishvilila qui égrène les accords de la célèbre Marche Funèbre de la Sonate N°2 de Chopin, avec une restitution très réaliste jusque dans les extinctions des notes du piano.
Ce même sentiment d'authenticité que l'on ressent jusque dans les moindres détails comme la fuite des notes du piano est encore plus patent lorsque la voix du baryton s'arrête net dans la Cavatine de la Scène 2 du Mariage de Figaro dans le très bon album "d'highlights" édité par Naxos.
Notons pour terminer que nous n'avons pas noté de différences de résultats sonores entre l'entrée USB et les entrées S/PDIF, sachant que les signaux S/PDIF étaient créés à partir d'un convertisseur USB-S/PDIF, donc utilisant le même flux numérique que l'entrée USB.
Pour conclure, le DAC 100 de NuForce est un appareil conçu avec une certaine sobriété, quasi "minimaliste", ne mettant en oeuvre que le strict nécessaire, mais avec un souci de musicalité élevée et en apportant le plus grand soin au traitement du signal audio numérique dans sa forme native. NuForce use pour cela des recettes électroniques éprouvées et prisées par les puristes et d'un convertisseur Asahi Kasei hyper performant. Il s'adresse avant tout aux amoureux de reproduction sonore authentique, ceux pour qui l'expression Haute Fidélité a gardé son sens originel. Bravo à NuForce qui voit son DAC 100 obtenir notre récompense Qobuzissime Hi-Fi !
Manuel d'utilisation (en anglais)
Formats reconnus
