Plus encore que d'avoir été scindée en deux entités, l'ex-marque NuForce appartient désormais au géant du vidéo projecteur professionnel et grand public Optoma qui intègre donc dans son écurie un "petit" mais dynamique fabricant d'audio grand public.
La plupart des appareils NuForce continuent à être commercialisés sous leur nom mais les nouveautés porteront désormais la marque NuPrime.
La nouvelle marque NuPrime, qui en est donc à ses débuts, propose actuellement à son catalogue quatre appareils, deux amplificateurs et deux convertisseurs numérique analogique.
Les amplificateurs ont pour noms ST-10 et IDA-16, le premier étant un modèle relativement compact, ne pesant que 6kg, et pouvant néanmoins délivrer 2 x 150 W/8? grâce à son amplification à découpage !
Le second, pas beaucoup plus encombrant ni beaucoup plus lourd (8 kg) délivre pour sa part 2 x 200 W/8?, et surtout, intègre un convertisseur numérique analogique compatible en USB avec les signaux PCM jusque 24 bits à 384 kHz et DSD jusque 11,2 MHz, et jusqu'à 24 bits à 192 kHz en S/PDIF.
C'est d'ailleurs cette même électronique de conversion que l'on retrouve dans le convertisseur numérique analogique DAC-10H dont nous allons vous proposer le banc d'essai.
Ce DAC-10H intègre également un amplificateur pour casque disposant d'une sortie classique sur prise Jack 6,35 mm et également une sortie sur prise XLR quatre contacts délivrant des signaux stéréo en mode ponté afin de pouvoir fournir une puissance élevée aux casques qui le nécessiteraient, et ce en alimentant chaque transducteur de manière totalement indépendante par des signaux de puissance en opposition de phase.
Ce DAC propose également le choix de deux gains sur les sorties ligne et sur les sorties casque, pouvant ainsi être adapté au mieux aux sources.
Le second DAC a pour nom DAC-10 (il perd le H de Headphone) et donc, tout en n'offrant pas d'amplification pour casque (baissant au passage son tarif de 300 euros), reste en tous points identique au modèle précédent.
Présentation
Le DAC-10H de NuPrime renoue avec le design un peu futuriste qui a existé et existe encore chez certains appareils NuForce, et que nous trouvons plutôt réussi et équilibré.
Ainsi, la façade à larges pans coupés s'orne dans sa partie inférieure d'un bandeau de commandes de forme rectangulaire, forme somme toute très classique dans le contexte, mais s'intégrant fort bien à l'ensemble. Cet appareil est disponible en finition entièrement argentée et en finition entièrement noire.
Dans la partie gauche du pan incliné supérieure prend place une prise casque au standard Jack 6,35 mm, puis viennent les sept témoins de source constitués de minuscules perforations symbolisant les lettres "U" (comme USB), "C" (comme Coaxial) et "O" (comme Optic) et les chiffres "1" et "2" (correspondant aux deux entrées analogiques), derrière lesquels se trouvent des LED bleues.
Le récepteur de télécommande, situé ensuite, a droit au même traitement, une multitude de minuscules perforations formant un carré aux angles gommés.
Un petit affichage reprenant la même recette appliquée à quatre "afficheurs sept segments" et situé immédiatement dans la partie droite de la façade sert à visualiser la fréquence d'échantillonnage en PCM et DSD, et, fugitivement, le niveau sonore sur deux digits, précédés d'une des quatre combinaisons des lettres "L" (Low) et "H" (High) indiquant les réglages de gain sur l'amplificateur casque et sur l'amplificateur ligne.
C'est cette indication qui revient à l'affichage en clignotant lorsqu'on active le mute (à noter que le niveau sonore ne revient pas brusquement mais progressivement après désactivation du mute, louable attention pour préserver les oreilles audiophiles).
Enfin, complètement à droite de la façade se trouve une prise XLR quatre contacts permettant de brancher un casque possédant deux conducteurs par transducteur (pas de retour commun) pour un fonctionnement en mode ponté.
Toutes les fonctions peuvent être pilotées depuis la belle et originale télécommande en aluminium.
Notons que l'on peut configurer ce DAC pour que les signaux soient à niveau fixe sur les sorties lignes, ceci en maintenant enfoncées simultanément les touches volume - et volume + de la façade pendant 3 secondes, mais dans ce cas les sorties casque sont désactivées.
Connectique
La connectique du DAC-10H de NuPrime est digne d'un petit préamplificateur, avec une entrée USB B pour ordinateur, quatre entrées S/PDIF (deux coaxiales et deux optiques), deux entrées stéréo analogiques, des sorties stéréo asymétriques sur prises Cinch et symétriques sur prises XLR, sur lesquelles le signal sera disponible à niveau fixe ou variable, et une sortie trigger permettant, par exemple, de commander la mise sous tension d'un amplificateur ou d'enceintes actives que l'on aurait associés à cet appareil.
Fabrication
Très belle réalisation, mécanique comme électronique, pour le NuPrime DAC-10H avec un solide boîtier essentiellement réalisé en aluminium massif et une plaque de fond en acier de 2 mm d'épaisseur doublée par une plaque d'aluminium épaisse, quant à elle, de 3 mm.
Profond, le boîtier accueille une grande carte sur laquelle pend place l'ensemble de l'électronique, hormis l'affichage et les amplificateurs pour casque. Tout ce monde puisera son énergie dans une alimentation construite autour d'un transformateur toroïdal de belles dimensions.
La photo ci-dessous permet de voir l'envers de la façade en alliage d'aluminium injecté ainsi que le circuit supportant les LED de l'affichage.
Vue de la carte principale du NuPrime DAC-10H, carte que l'on retrouve sur le modèle ST-10 qui ne possède pas d'amplificateur casque : il y a du monde !
L'interface USB est assurée par un processeur XMOS qui va extraire le bus I2S ainsi que les signaux DSD des données du bus USB. C'est un circuit Asahi Kasei AK4113 (24 bits à 192 kHz) qui se charge de l'interface et de la commutation des entrées S/PDIF, alors que la commutation entre le bus I2S provenant des entrées S/PDIF et celui issu du processeur XMOS en direction de la puce de conversion numérique analogique est assurée par un multiplexeur 74HC157.
En l'occurrence le convertisseur numérique analogique est un modèle ES9018K2 du fabricant EES, une puce utilisant la technologie Hyperstream (une conversion de taux d'échantillonnage) travaillant sur 32 bits, et capable de décoder les signaux PCM jusqu'à 384 kHz de fréquence d'échantillonnage, ainsi que les signaux DSD jusqu'à 11,2 MHz.
Le filtrage actif après conversion est construit autour d'amplificateurs opérationnels à très faible bruit et très faible distorsion LM4562 fabriqués par National Semiconductor.
C'est un circuit Muses 72320 du fabricant JRC (New Japan Radio Company) qui sert de contrôle de volume. Ce circuit à commutation de résistances offre une très grande précision de réglage et des atténuations identiques sur les deux canaux, ce qui est très important pour les écoutes à faible volume où une différence de niveau est très sensible, et il fonctionne conjointement avec un performant amplificateur opérationnel double spécial audio National Semiconductor LME49860.
On trouve également dans cette zone de la carte des amplificateurs opérationnels double OPA2134 dont le rôle nous paraît être le changement de gain sur les sorties casques et sur les sorties ligne. A proximité de ces amplificateurs se trouvent effectivement de tout petits circuits intégrés marqués NFHS qui sont très certainement des commutateurs MOS mettant en ou hors services des résistances qui changent les gains.
Les signaux destinés aux sorties ligne (photo ci-dessous) sont ensuite confiés à des amplificateurs opérationnels doubles Burr-Brown OPA2134, l'un de ces amplificateurs gardant leur phase tandis que l'autre l'inverse et sont commutés au travers de relais vers les sorties symétriques XLR. Les signaux asymétriques passent également au travers d'un amplificateur OPA2134 afin de conserver la même couleur sonore sur les sorties standards.
On peut également remarquer que les deux entrées analogiques sont tamponnées par des amplificateurs opérationnels OPA2134.
Quant aux signaux destinés aux sorties casque, il sont transmis via un toron de fils à la carte amplificateurs qui utilise des circuits intégrés d'amplification pour casque estampillés du sigle NuForce, mais nous avons pu identifier les broches des alimentations et des entrées et sorties des amplificateurs et celles-ci correspondent broche pour broche à celles de l'amplificateur intégré pour casque TPA6120 de Texas Instruments.
Peut-être s'agit-il d'un modèle spécial fabriqué sur cahier des charges NuPrime ou développé par la marque en reprenant le brochage du TPA6120, mais cette deuxième hypothèse nous semble peu probable.
L'un de ces amplificateurs travaille en stéréo pour alimenter la sortie Jack 6,35 mm via un relais de manière classique (à gauche sur la photo), tandis que les deux autres fonctionnent en mode ponté (ou bridgé en anglais) sur chaque voie stéréo et sont raccordés via deux relais à la prise XLR quatre broches.
On remarque également la présence d'un amplificateur opérationnel double OPA2134 générant les signaux en opposition de phase nécessaire aux amplificateurs pontés.
Les alimentations symétriques des amplificateurs sont fabriquées par des enroulements séparés du transformateur et utilise des régulateurs L7815 et L7915. Chaque circuit intégré d'amplification est alimenté au travers d'un filtre passe-haut de type self-condensateur (LC) utilisant une self sur ferrite et un condensateur de 470 ?F/35V. Ce type de filtre est particulièrement efficace pour éliminer les résidus de redressement.
Le micro contrôleur de gestion de l'électronique est un modèle Nuvoton W78E065A travaillant sur 8 bits, celui -ci est alimenté par son propre régulateur +5V et on peut voir juste à côté trois autres régulateurs montés sur radiateurs, à savoir un L7805 (+5V) et un L7812 et un L7912 fournissant des tensions symétriques de + ou - 12V aux amplificateurs opérationnels et au réglage de volume situés sur la carte principale.
Les condensateurs électrochimiques de filtrage sont fabriqués sur cahier des charges NuPrime et ne comportent pas d'indication de valeur, mais nous dirions, à vue de nez, qu'il pourrait s'agir de modèles de 4700 ?F/25V.
Ecoute
Raccordé à un amplificateur Sony UDA-1 pilotant des enceintes Triangle Antal EZ, le DAC-10H de NuPrime nous a gratifié d'une très belle restitution de Vespri per l'Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi par Rinaldo Alessandrini dirigeant le Concerto Italiano, aérée et fine, d'une belle luminosité, peut-être un rien artificielle selon nous, mais ne manquant aucunement de dynamique et restituant avec franchise les attaques de cordes.
La très belle interprétation de la Fantaisie Ecossaise de Max Bruch par Kyung Wha Chung au violon accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Rudolf Kempe brille des feux d'un violon libérant avec aisance son chant dans l'aigu et soutenu par un orchestre capiteux. On a entendu moins capiteux mais le charme opère.
Accords de guitare particulièrement riches et restitution brillante du tube des 70's My Sweet Lord de l'album Let It Roll de George Harrison.
C'est très bon aussi avec les fichiers de test en DSD dont nous disposons, mais il semblerait bien d'après le synoptique de la puce de conversion ES9018 que celle-ci ne traite pas le DSD en natif mais le convertisse en PCM.
En écoute avec notre casque orthodynamique, on peut constater une restitution très solide et ferme des graves de Another Brick In The Wall de l'album The Wall du groupe Pink Floyd, tandis que les voix et les orchestrations s'expriment avec luminosité et allègent un peu cette musique où règnent assez peu de moments de légèreté.
Toujours au casque, le DAC-10H libère avec éclat les mille feux de l'orchestration somptueuse de la Symphonie Alpestre de Richard Strauss par le Saito Kinen Orchestra dirigé par Daniel Harding. C'est un feu d'artifice et l'amplification ne peine aucunement à reproduire les puissants accords de l'orchestre ou encore à suivre les contrebasses ou les grondements de la grosse caisse, et il ne nous a même pas été nécessaire de recourir à la sortie pontée (sur laquelle nous n'avons d'ailleurs pas noté de différence de qualité sonore, hormis le niveau plus élevé) pour obtenir des niveaux sonores plus que confortables !
Bref, elle en a dans le coffre l'amplification de ce DAC-10H de NuPrime.
Pour conclure, ce DAC-10H NuPrime offre une restitution sonore fort belle, lumineuse, mais sans doute plus ou moins marquée de l'empreinte ESS. Doté de capacités de lecture quasiment au top de ce qui se fait actuellement, de possibilités étendues et d'une qualité de fabrication de premier ordre, ce DAC dispose également de sorties casque offrant de très bons résultats sonores. Un très bel appareil à écouter si l'on envisage un achat dans cette gamme de prix.
Manuel d'utilisation (en anglais)
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