Ce n’est pas un pressentiment mais une certitude : Cécile McLorin Salvant est la chanteuse que nous attendions.

Nous sommes régulièrement séduits par de jeunes artistes en devenir, plus souvent jazzy que jazz, toujours en référence, en jeu de miroirs… Cécile McLorin Salvant ne chante pas à la manière du jazz, elle est jazz tout simplement. Pas étonnant qu’elle est été prise en main par les copains de Wynton Marsalis avant même de sortir un premier album. Sa lignée artistique pourrait-être tracée dans un sillage qui passerait par Sarah Vaughan (pour la souplesse de sa voix et son timbre profond) et Betty Carter (pour son côté mutine et ludique, presqu’enfantin, son album ne s’intitule pas « Woman Child » ?). Pour un premier disque, c’est un coup de maître. La chanteuse a su éviter le coup de la carte de visite, elle ne montre ni ne démontre, elle incarne. Sortant d’office des standards incontournables qui semblent le passage obligé de toute débutante, elle présente un répertoire habile de reprises très censées, mettant en valeur le patrimoine sans pour autant s’enfermer dedans (Saint Louis Gal de Bessie Smith, John Henri de Big Bill Bronzy - Dee Dee Bridgewater et Kurt Elling avaient été fort impressionnés par ses choix de chansons lors du concours Thelonius Monk qu’elle remporta en 2010 -). Mais elle sait tout autant et parcimonieusement faire sienne les reprises de ses idoles (I Didn’t Know What Time It Was ou What A Little Moonlight Can Do de Billie Holiday) et même ses propres compositions (Woman Child qui a donné son nom à l’album ou Le front caché sur tes genoux sur un poème haïtien qu’elle a su mettre en musique). Un énorme et définitif coup de cœur pour cette artiste contemporaine dont nous prédisons le meilleur. Son disque ne cache pas pour autant d’excellentes sorties vocales : le Hugh Laurie (« Docteur House ») que nous avons classé aussi dans le blues (cf. Toute la musique que j’aime), le David Linx – Diederik Wissels qui célèbre de bien belle manière leur 20 ans d’enregistrements, le Madeleine Peyroux (disque de bonne tenue mais pas exceptionnel), le Musica Nuda, qui eux, fête leur 10 ans d’enregistrement avec un album pour lequel le duo infernal se pare de cordes. Dans nos pages magazine, vous retrouverez des interviews vidéo-podcasts de Cécile McLorin Salvant, David Linx et Diederik Wissels, Musica Nuda (prochainement) et Madeleine Peyroux (podcast audio seulement).

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