En plein concert, le cœur du pianiste de jazz britannique a lâché alors qu’il se produisait sur scène avec le quartet de Stéphane Kerecki.

John Taylor est décédé le 18 juillet 2015 à Angers. Âgé de 72 ans, le pianiste mancunien a succombé à un infarctus alors qu’il se produisait au festival Saveurs jazz de Segré au sein du quartet de Stéphane Kerecki. Personnalité aussi discrète que stylistiquement raffinée, Taylor restera comme une figure majeure du jazz britannique depuis les années 70 et un partenaire clef du label ECM sur lequel il gravera de nombreux albums. Il laissera également des traces chez Sketch, Justin Time, Ah Um, Jazz House, Phillips, Cam Jazz, MPS ou bien encore Storyville. Avec le trompettiste Kenny Wheeler (disparu en 2014) et la chanteuse Norma Winstone (sa première femme en 1972), il avait également formé le trio Azimuth qui enregistrera également pour ECM. Fortement marqué par la musique classique (Bartók et Debussy en tête), le piano de John Taylor empruntait à la sensibilité harmonique de celui de Bill Evans, l’une de ses influences les plus évidentes. Il était de cette génération de jazzmen qui avait éclos durant les tempêtes du free et de la fusion. De ces musiciens européens certes biberonnés aux canons du jazz américains mais ayant trouvé une voie à part, singulière dans leur approche de l’harmonie et du rythme.

John Taylor plus - Budapest 1992 (Part 1 of 5)

Bob Hardy

Autodidacte né le 25 septembre 1942 à Manchester et qui jette l’ancre à Londres en 1964, John Taylor commence à faire parler de lui à la fin des années 60 lorsqu’il fréquente la bouillonnante scène jazz de la capitale britannique alors sous forte emprise free. Il croise le fer avec les saxophonistes John Surman et Alan Skidmore et fréquente également des musiciens tels que Mike Westbrook, Dave Holland, Mike Gibbs, Malcolm Griffiths ou bien encore Harry Beckett. En 1971, il signe son premier disque comme leader, Pause, And Think Again, qui parait sur Turtle Records et sur lequel il a convié Wheeler mais aussi le saxophoniste Stan Sulzmann, le tromboniste Chris Pyne, le bassiste Chris Laurence, le batteur Tony Levin et, sur un titre, Norma Winstone. Taylor en confie la production à Surman. Avec Azimuth, il enregistrera cinq albums pour ECM.

John Taylor - Fedora

Hampstead Arts Festival

Son activité conservera la même intensité tout au long des années 80, 90 et 2000. John Taylor continue à travailler avec ses compatriotes de toujours, jouant et enregistrant également avec d’autres épées telles que le saxophoniste Jan Garbarek, le trompettiste Enrico Rava, le contrebassiste Miroslav Vitous mais aussi Gil Evans, Lee Konitz, Charlie Mariano, sans oublier le superbe trio du batteur Peter Erskine avec le contrebassiste Palle Danielsson. Parmi ses derniers faits d’arme, Taylor avait participé au Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki, disque-hommage aux compositeurs des musiques de films de la Nouvelle Vague. Musique que le Britannique jouait vendredi dernier lorsque son cœur a flanché…

Stéphane Kerecki & John Taylor @ Live at Duc des Lombards

ducdeslombards75

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