Test Rega Saturn-R : Découvrez le DAC USB de la marque Rega à l'aide de notre banc d'essai Qobuz réalisé par nos amateurs de l'audio. Le déclin du CD n'empêche pas certaines marques de continuer à proposer des machines utilisant ce support mais en les dotant d'une partie DAC USB compatible avec les fichiers audio en Haute Définition, souvent complétée par des entrées S/PDIF. C'est le cas pour Rega avec le nouveau lecteur de CD avec DAC Saturn-R qui a enchanté nos esgourdes !

Déjà, le tout premier lecteur de CD de Rega fut baptisé du nom de Planet et adoptait une mise en place du disque par le dessus directement sur l'axe du mécanisme de lecture, celui-ci étant fermé par un couvercle longtemps muni d'une fenêtre transparente, toutes choses rappelant la grande et longue époque du disque noir où l'on posait celui-ci sur le plateau et où on le voyait (ou le regardait) tourner.

Ses successeurs (si l'on excepte le modèle Isis), qui eurent pour nom Apollo, ou encore Saturn, perpétuèrent la tradition d'emprunt de noms de planètes de notre système solaire et aussi celle de la mise en place du CD à la façon d'un disque vinyle.

Comme chez de nombreux constructeurs d'appareils audiophiles, la fréquence de renouvellement des gammes reste faible chez Rega et doit répondre à une véritable évolution technologique ou à un changement dans la manière d'écouter de la musique comme c'est maintenant le cas depuis plusieurs années avec le stockage sur ordinateur de fichiers téléchargés, en particulier en Haute Définition ("Studio Masters") qui nécessitent des DAC adaptés jusqu'à un échantillonnage sur 24 bits à 192 kHz, voire plus pour quelques rares modèles.

Le nouveau modèle de lecteur de CD avec DAC, le Saturn-R, objet de ce banc d'essai, vient donc en remplacement de l'ancien modèle Saturn et se voit équipé d'une entrée USB asynchrone et de quatre entrées S/PDIF, toutes compatibles avec les signaux audio numériques 24 bits à 192 kHz. De plus le Saturn-R permet, grâce à cinq filtres, d?adapter le rendu sonore à ses goûts, ou à ce qui se rapproche le plus de la fidélité.

Présentation

La présentation des appareils Rega n'a jamais été d'une folle gaité, ce n'est pas ça qui fait le son me direz-vous, et le lecteur CD avec DAC Saturn-R ne déroge pas à la règle.

Sobriété, fonctionnalité, efficacité avec une façade en grande partie occupée par un plexiglas (collé sur une plaque en aluminium) accueillant dans sa partie gauche l'interrupteur de mise en marche, en sa partie centrale un afficheur, et sur la droite, quatre touches de commande (play/pause, saut avant, saut arrière et arrêt) pour le lecteur de CD.

Cette façade est fixée en retrait sur deux épaisses joues en aluminium massif tandis que le mécanisme de transport du disque est monté sur le dessus du boîtier. Un couvercle articulé permet d'accéder à ce mécanisme pour bloquer le disque sur son axe, un capteur à effet Hall (réaction au champ magnétique d'un aimant situé dans le couvercle) détectant son ouverture et empêchant le fonctionnement de cette mécanique tant que le couvercle n'est pas refermé.

On peut apercevoir, dans la partie droite du visuel ci-dessus le petit trou oblong dans lequel vient prendre place, lors de la fermeture du couvercle, l'aimant solidaire de celui-ci et déclenchant le capteur à effet Hall.

C'est pour une solution élégante et sans risque d'usure qu'a opté Rega, alors que d'un point de vue électrique cette détection aurait pu simplement être réalisée par un interrupteur de type "fin de course" actionné par la fermeture du couvercle.

Une très jolie télécommande multi appareils permet le pilotage des fonctions du CD (dont l'avance ou le recul dans la piste en lecture, pas disponibles en face avant de l'appareil), de programmer la lecture de pistes, de passer en affichage de temps restant...

Connectique

Le Rega Saturn-R met à la disposition de l'utilisateur une entrée USB asynchrone pour relier un ordinateur et quatre entrées numériques S/PDIF (deux coaxiales et deux optiques), ce qui est plutôt très bien.

Les signaux analogiques, en provenance de la lecture d'un CD ou de celle d'un fichier numérique, sont disponibles à niveau fixe sur une paire de prises Cinch stéréo, tandis que l'on peut récupérer sur deux paires de sortie S/PDIF (optique et coaxiale), d'une part les signaux numériques lus depuis l'entrée USB, d'autre part ceux issus de la lecture d'un CD (ces derniers seront donc systématiquement en 16 bits à 44,1 kHz).

Fabrication

Le boîtier du Saturn-R est entièrement réalisé en aluminium et se compose d'un fond de 4 mm d'épaisseur sur lequel sont fixés les deux profilés qui forment les flancs, une face arrière, la face avant (décrite ci-avant) et le dessus accueillant le mécanisme de lecture. Une fois solidarisés entre eux, ces divers éléments constituent un boîtier qui présente une très bonne rigidité.

Hormis l'afficheur et les commandes installés sur une carte fixée le long de la face avant, l'électronique est rassemblée sur un grand circuit qui occupe la quasi totalité de la surface du fond du boîtier, ne dégageant une place que pour le généreux transformateur toroïdal de l'alimentation.

La réalisation est de qualité professionnelle avec une implantation très propre et rigoureuse des composants, tandis que les diverses sections sont clairement séparées les unes des autres.

Afficheur, gestion CD

La photo ci-dessous regroupe l'électronique de gestion de l'affichage, celle du lecteur de CD ainsi que leurs alimentations spécifiques et le +5V destiné aux circuits logiques.

L'alimentation de l'affichage se trouve en haut à gauche tandis que celle de la partie CD est visible dans le bas de la photo. On remarquera la taille des diodes de redressement (à droite de la limande) et l'utilisation systématique de radiateurs sur les régulateurs, sachant que le mécanisme de lecture utilise deux moteurs et que l'électronique dédiée à la lecture des CD fait appel à plusieurs circuits fortement intégrés et consommant du courant.

Entrées sorties numériques

L'entrée USB est interfacée par un circuit Microchip USB3318 (ex-SCMS) puis les signaux sont traités par un processeur XMOS qui en extrait le bus I2S avec un taux de jitter insignifiant.

Au risque de faire polémiquer, il semblerait que les deux quartz associés à ce processeur XMOS (à sa gauche, légèrement au-dessus), l'un destiné aux signaux échantillonnés à 44,1 kHz et ses multiples, l'autre destiné aux signaux échantillonnés à 48 kHz et ses multiples, soient des modèles standards.

Les entrées et les sorties numériques S/PDIF sont gérées par un émetteur-récepteur (transceiver) à huit entrées Wolfson Microelectronics WM8805 acceptant les signaux jusqu'à 24 bits à 192 kHz. Les modules noirs situés à gauche au milieu de l'image sont les transformateurs d'isolement et d'adaptation d'impédance nécessaires aux signaux S/PDIF.

Conversion, filtrage, alimentations associées

Le Rega Saturn-R utilise une puce de conversion numérique analogique par canal, en l'occurrence un modèle Wolfson WM8742 (24 bits à 192 kHz) qui offre la possibilité de filtrer les signaux de cinq manières différentes et que Rega met à la disposition de l'utilisateur (voir page 11 du manuel pour plus de précisions). On peut voir au-dessus de ceux-ci le refroidisseur du régulateur fournissant la tension de +5V à la partie analogique des WM8742 et également un régulateur L1117-33 fournissant une tension de 3,3V à leur partie numérique.

Dans la partie gauche de la photo, on peut remarquer un circuit qui semble bien isolé. Il s'agit du circuit contenant les buffers qui redonnent un petit coup de fouet aux signaux numériques destinés aux puces de conversion. Ce circuit est un octuple buffer-driver de ligne de type 74HC244 que l'on rencontre très souvent sur les cartes informatiques.

Dans la partie droite de la photo se trouvent les alimentations symétriques de +13V et -13V de la partie filtrage des signaux en sortie des DAC (le +13V sert également à fabriquer le +5V analogique des WM8742). Les régulateurs utilisés sont des modèles ajustables à faible bruit LM317 (tension positive) et LM337 (tension négative).

Ces tensions sont sérieusement filtrées par des condensateurs électrochimiques de qualité audiophile de type Nichicon Fine Gold (1000 ?F/35V pour le -13V et 2 x 1000 ?F/35V pour le +13V).

Les signaux issus de la conversion numérique analogique sont ensuite filtrés, non pas par des cellules à amplificateurs opérationnels travaillant habituellement avec une forte contre réaction, mais par un filtrage passif employant des condensateurs de qualité audiophile suivi d'un montage à transistors polarisés en classe A et composants discrets permettant une adaptation en impédance (filtre identique à celui utilisé dans le DAC Rega)

Ils sont ensuite dirigés vers les prises Cinch de sortie via un relai de mute et transitent également au travers de conducteurs munis de ferrites de déparasitage haute fréquence pour un ultime nettoyage avant écoute.

Ecoute

Nous avions testé il y a un peu plus de deux ans (comme le temps passe...) le convertisseur numérique analogique de la marque basiquement baptisé "DAC".

Deux années en électronique numérique, c'est presque une éternité et le DAC Rega voyait en ces temps anciens son entrée USB interfacée par un circuit Texas Instruments PCM2707 limitant sur cette entrée la lecture aux fichiers 16 bits à 48 kHz, ce qui le pénalisait vis-à-vis des fichiers Studio Masters et lui faisait rater notre récompense Qobuzissime, et ce malgré ses qualités sonores qui nous avaient conquis.

Quoi qu'il en soit, c'est à une séance de bonheur musical que nous a invité ce lecteur de CD avec DAC Saturn-R, jusque et y-compris en Haute-Définition 24 bits à 192 kHz !

Nous ne cacherons pas que c'est avec une certaine satisfaction que nous constatons avec cet appareil que c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes.

Ici, point d'horloge dérivant de moins d'une seconde tous les dix milliards d'années assurant un taux de jitter si faible que la restitution musicale s'en trouverait transcendée, mais deux puces de conversion performantes épaulées par des filtres réalisés en composants discrets de qualité.

Donc, pas de filtres à amplificateurs opérationnels dont on réduit le gain (intrinsèquement extrêmement élevé en boucle ouverte, couramment de l'ordre de 120 dB, soit un million, c'est-à-dire qu'une tension de 1?V en entrée donne 1V en sortie) par application d'un fort taux de contre réaction dont il a été démontré que dans ce cas cela n'était pas très favorable à la musicalité.

Ceci pour dire que, même si nous avons écouté des DAC usant de filtre à amplificateurs opérationnels qui nous ont beaucoup plu, certains obtenant même un Qobuzissime, les DAC qui s?affranchissent de ces amplificateurs opérationnels bien pratiques à utiliser et dont les performances chiffrées sont parfois très impressionnantes paraissent clairement franchir à nos oreilles un cap supérieur, celui d'une restitution empreinte d'une quasi authenticité, comme ce Rega Saturn-R.

On se délecte ainsi de la sensuelle introduction de la Fantaisie Ecossaise de Max Bruch par Kyung Wha Chung au violon accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Rudolf Kempe, un excellent album d'origine analogique bénéficiant d'une très bonne numérisation en 24 bits à 96 kHz.

Il en devient même difficile de dire ce qui est bien et ce qui l'est moins, parce que tout est bien ! On écoute de la musique et on y prend plaisir sans se poser de questions, le violon chante sans que l'on déchante et l'orchestre l'accompagne d'une grande, pour ne pas dire grandiose, plénitude.

Dans sa version Studio Masters 24 bits à 192 kHz, le bouillonnant Allegro de La Suite Américaine de Dvorak par l'Orchestre du Festival de Budapest dirigé par Iván Fischer s'exprime dans toute sa richesse de couleurs laissant entendre le tintement du triangle survoler aisément la masse orchestrale tandis que les détails des niveaux musicaux les plus ténus transparaissent sans peine et que les forte s'expriment sans brouiller les pupitres.

La restitution de l'album Love Letters de Metronomy (version Studio Masters 24 bits à 96 kHz) au son très vinyle, craquements et souffle compris, bénéficie très favorablement de son séjour au travers des composants du Saturn-R et toutes les subtilités et bruits divers rappelant la lecture des galettes noires, tout comme le son, enregistré sur une machine analogique, se trouvent particulièrement mis en valeur.

Quelques tour de manivelles pour lancer le mécanisme de lecture CD emportant dans sa ronde la Fantasia On British Sea Songs dans sa version 11 cm argentée pour constater, là encore, la très haute qualité de la restitution, finesse, aération du message sonore, dynamique sans contrainte, sentiment d'aisance et de naturel, du bonheur quoi !

Allez, n'en jetons plus et concluons brièvement en décernant un Qobuzissime au Rega Saturn-R qui pourra ainsi briller plus intensément au firmament que l'étoile dont il porte le nom.

Spécifications

Manuel d'utilisation

User manual

Site Rega

Site gt audio (importateur)

Contact

Capacités de lecture

Système d'écoute :

- amplificateur Micromega AS-400

- enceintes Triangle Antal Anniversary

- Filtre1 choisi suite à appréciation du rendu sonore avec chacun des cinq filtres du Saturn-R

Si vous êtes constructeur, importateur, distributeur ou acteur dans le domaine de la reproduction sonore et que vous souhaitez nous contacter, faites-le uniquement à l'adresse suivante : newstech@qobuz.com