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Max Bruch

Lorsque l'on prononce le nom de Max Bruch devant le mélomane lambda, on obtiendra en réponse les concertos pour violon, parfois la Fantaisie écossaise pour violon & orchestre et, s'il est plus aventureux, Kol Nidrei pour violoncelle et orchestre. Le malheureux Bruch en est réduit à principalement trois ouvrages ressassés à l'envi par les violonistes-star et les violoncellistes en quête d'un brin d'originalité.



C'est oublier que Max Bruch, né seulement cinq ans après Brahms mais mort deux ans après Debussy, a survolé le XIXe siècle musical allemand ainsi que vingt des années les plus fascinantes du XXe. Oui, ses aspirations le placent plutôt dans le «camp» des classiques romantiques, Brahms et plus tard Bruckner, plutôt que dans celui des révolutionnaires que furent Liszt, Wagner ou Berlioz. Et donc ? Il est quand même grand temps de lui rendre la place qui est légitimement la sienne, et qui lui fut d'ailleurs ravie en Allemagne pendant toute l'époque nazie : on le soupçonnait de judaïsme, sans doute pour seule raison qu'il avait osé écrire une pièce sur des thèmes juifs, Kol Nidrei... les censeurs nazis oubliaient toutes ses oeuvres chorales chrétiennes, ses constants emprunts au fonds folklorique allemand, préférant jouer la carte de la sécurité. Donc, pendant toute une génération, sa musique - qui ne s'était guère exportée, hormis un peu en Angleterre - fut gommée des programmations allemandes, et lorsque les nazis furent rayés de la planète, l'avant-garde arrivait avec ses rouleaux compresseurs contre lesquels la musique d'un brave romantique attardé n'avait aucune chance.



Il convient donc, en réalité, d'écouter Max Bruch comme s'il avait écrit aux alentours des années 1860, pas plus tard. Et qu'importe si, en effet, ses trois excellentes Suites (sur des thèmes russes ; sur des thèmes suédois ; pour orchestre et orgue, sans attribution thématique régionale) datent des années 1900 à 1915, les deux quintettes de 1918 ? Oui, Bruch est un traditionaliste totalement étranger aux changements qui ont pu survenir dès les années 1860 ; oui, il vécut (et en souffrit sans doute) dans l'ombre de Brahms qui était pourtant son ami le plus sincère. Oui, ses oeuvres de 1855 sont exactement dans la même veine que celles de 1920.



Né le 6 janvier 1838 à Cologne, d'une mère professeur de musique (et soprano) et d'un père homme de loi), Max Bruch reçoit à l'âge de 15 ans une bourse qui lui permet de travailler avec de grands maîtres tels que Ferdinand Hiller et Carl Reinecke. Dès l'âge de 20 ans, il enseigne à Cologne durant trois ans, puis nommé chef d'orchestre à Mannheim en 1863 il s'y installe. C'est dans cette ville qu'il crée son premier opéra, Die Loreley dont le livret était destiné à l'origine à Mendelssohn. Contemporaine de cet opéra, la cantate pour baryton, soprano, choeur d'hommes et orchestre Frithjof, op. 23 - comportant plusieurs pages remarquables - remporte un vif succès en Allemagne et à Vienne. C'est en 1864, à Coblence, que se situe la composition de son fameux concerto pour violon en sol mineur que le célèbre violoniste Joseph Joachim l'aidera à remanier. Voilà un ouvrage - annonciateur du concerto pour violon de Brahms qui s'en inspirera quand il l'écrira dix ans plus tard - qu'il finit lui-même par prendre en horreur tant il était ressassé. N'a-t-il pas écrit à son éditeur : « Nichts gleicht der Trägheit, Dummheit, Dumpfheit vieler deutsche Geiger. Alle vierzehn Tage kommt einer und will mir das erste Concert vorspielen : ich bin schon grob geworden und habe zu Ihnen gesagt : 'Ich kann dieses Concert nicht mehr hören - habe ich vielleicht nur dieses eine Concert geschrieben ? Gehen Sie hin und spielen Sie endlich einmal die anderen Concerte, die ebenso, wenn nicht besser sind !». (« Rien n'égale la pusillanimité, la bêtise, la torpeur de tant de violonistes allemands. Tous les quinze jours il en vient un qui veut me jouer le Premier concerto : j'ai fini par devenir grossier et leur ai dit : ' Je ne peux plus entendre ce concerto - n'ai-je donc écrit que cet unique concerto ? Allez donc jouer enfin les autres concertos, qui sont aussi bien, voire mieux.' »).



Nommé chef d'orchestre à Berlin en 1870, Max Bruch y crée son dernier opéra Hermione (d'après « Le Conte d'hiver » de Shakespeare). Après son mariage avec la cantatrice Clara Tuczek et sa nomination comme chef d'orchestre à Liverpool en 1880, Max Bruch revient trois ans plus tard en Allemagne où il devient directeur musical de l'orchestre de Breslau. Mais c'est à Berlin, en 1892, que sa carrière trouvera la consécration avec sa nomination à la chaire de composition du Conservatoire qu'il aura en charge jusqu'en 1910 (parmi ses élèves figurent Ralph Vaughan Williams, Kosaku Yamada). Doctor honoris causa de l'Université de Cambridge en 1893, membre de l'Académie des Beaux-Arts à Paris en 1898, Max Bruch reçoit le titre honorifique de « Docteur en philosophie » à l'Université de Berlin en 1918. Un an après la disparition de sa femme, Max Bruch s'éteint à son tour le 2 octobre 1920.



Bruch est donc à redécouvrir, bien au-delà de sa composition-phare, bon nombre de ses oeuvres étant quand même enregistrée&nbs;: le Concerto pour clarinette de 1911 écrit pour son fils Max Felix (Bruch vouait une admiration sans bornes à Mendelssohn, ainsi qu'on le comprend dans le Premier concerto pour violon, l'oeuvre qui l'a rendu célèbre), l'oratorio Moses de 1893, l'étonnant oratorio d'après Schiller Die Glocke (La Cloche) de 1872, les innombrables et très originales pièces de musique de chambre allant du duo à l'octuor, les choeurs - dont certains évoquent non seulement l'Allemagne profonde mais aussi l'antiquité grecque, la tradition hindoue, la royauté suédoise ou les scènes bibliques. Mentionnons également la forte poignée de Lieder souvent inspirés de thématiques folkloriques germanisantes.




© Qobuz 01/2013

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