Karl Böhm
C’est un des plus grands chefs d’orchestre du siècle dernier qui nous laisse des enregistrements fascinants de symphonies de Beethoven, de Schubert, de Brahms, de Bruckner, de très nombreuses œuvres de Richard Strauss et de Mozart dont il fut l’interprète lumineux des opéras et des 46 Symphonies qu’il fut le premier chef à enregistrer intégralement. Nul n’a su donner un tel poids mystique et une telle grandeur au Requiem, avec des couleurs crépusculaires et une lenteur assumée qui parvient à conjuguer comme par miracle le solennel et l’intime. Une interprétation bouleversante qui traverse les époques et les modes en affichant clairement à quelle hauteur se situait l’art musical pour le chef autrichien. Si Karl Böhm disait avoir appris « son » Mozart avec Bruno Walter dans sa jeunesse, il affirme aussi que la compréhension de sa musique ne peut passer que par l’amour. Quant au bon tempo de la pulsation mozartienne, on le trouve souvent dans quelques petites cellules rythmiques qui génèrent tout un air ou un mouvement.
La grand wagnérien qu’était Karl Böhm avait tout appris, disait-il, aux côtés de Karl Muck (1859-1940), le plus grand interprète de son temps. C’est avec Muck que le jeune chef travaille les partitions de Wagner, c’est encore Muck qui lui apprend à apprivoiser la difficile acoustique de Bayreuth et à répartir la puissance orchestrale tout au long d’un ouvrage. Karl Böhm a gardé durant toute sa vie un attachement particulier à la production de Tristan et Isolde réalisée en 1966 à Bayreuth, à la fin de la vie de Wieland Wagner, une version entrée dans la légende et immortalisée par DG, avec Birgit Nilsson, Wolfgang Windgassen, Christa Ludwig, Martti Talvela et Eberhard Waechter. La direction de Böhm est à son summum, à la fois incandescente et transparente, elle évite la sentimentalité comme l’emphase au service de l’expression la plus juste, selon la leçon que lui avait apprise Richard Strauss dans sa jeunesse, autre compositeur inséparable du souvenir de Karl Böhm. C’est en dirigeant Elektra à Dresde que le jeune Böhm avait rencontré Strauss. Les deux hommes restèrent de proches amis leur vie durant et Böhm a souvent raconté tout ce qu’il devait à Strauss dans l’art de la direction d’orchestre que le compositeur pratiquait à un très haut niveau.
Par bonheur, Karl Böhm a enregistré presque tout son répertoire pour le disque, un exercice difficile dans lequel il excellait, à la condition expresse de travailler avec le Philharmonique de Vienne ou celui de Berlin. Böhm croyait sincèrement en ce fluide qui passe entre le chef et ses musiciens, une magie qui ne pouvait, selon lui, n’exister qu’avec des orchestres qu’il connaissait parfaitement et réciproquement. C’est probablement un des secrets de la réussite de certains disques de Karl Böhm, un miracle qui se renouvelle aujourd’hui avec la publication de concerts inédits qui viennent compléter une discographie déjà abondante.
Revenant à ses premières amours, Karl Böhm avait gravé à Dresde, pour le bicentenaire de la naissance de Beethoven en 1970, une brûlante version de Fidelio, avec Gwyneth Jones, Edith Mathis, Theo Adam, James King et Peter Schreier. Urgente, fiévreuse, théâtrale, menée tambour-battant par un Karl Böhm survolté, c’est une des très grandes réalisations discographiques du chef-d’œuvre lyrique de Beethoven. Interprète de la grande tradition germanique surtout, Karl Böhm aimait aussi l’opéra italien, Verdi en particulier, dont il dirigeait volontiers Macbeth et Otello, mais la plus parfaite adéquation entre un compositeur et son interprète reste dans les Symphonies d’Anton Bruckner dont Böhm savait si bien traduire l’humanité déchirée qui aspire au ciel.
© FH – novembre 2017 /Qobuz
Lire aussiC’est un des plus grands chefs d’orchestre du siècle dernier qui nous laisse des enregistrements fascinants de symphonies de Beethoven, de Schubert, de Brahms, de Bruckner, de très nombreuses œuvres de Richard Strauss et de Mozart dont il fut l’interprète lumineux des opéras et des 46 Symphonies qu’il fut le premier chef à enregistrer intégralement. Nul n’a su donner un tel poids mystique et une telle grandeur au Requiem, avec des couleurs crépusculaires et une lenteur assumée qui parvient à conjuguer comme par miracle le solennel et l’intime. Une interprétation bouleversante qui traverse les époques et les modes en affichant clairement à quelle hauteur se situait l’art musical pour le chef autrichien. Si Karl Böhm disait avoir appris « son » Mozart avec Bruno Walter dans sa jeunesse, il affirme aussi que la compréhension de sa musique ne peut passer que par l’amour. Quant au bon tempo de la pulsation mozartienne, on le trouve souvent dans quelques petites cellules rythmiques qui génèrent tout un air ou un mouvement.
La grand wagnérien qu’était Karl Böhm avait tout appris, disait-il, aux côtés de Karl Muck (1859-1940), le plus grand interprète de son temps. C’est avec Muck que le jeune chef travaille les partitions de Wagner, c’est encore Muck qui lui apprend à apprivoiser la difficile acoustique de Bayreuth et à répartir la puissance orchestrale tout au long d’un ouvrage. Karl Böhm a gardé durant toute sa vie un attachement particulier à la production de Tristan et Isolde réalisée en 1966 à Bayreuth, à la fin de la vie de Wieland Wagner, une version entrée dans la légende et immortalisée par DG, avec Birgit Nilsson, Wolfgang Windgassen, Christa Ludwig, Martti Talvela et Eberhard Waechter. La direction de Böhm est à son summum, à la fois incandescente et transparente, elle évite la sentimentalité comme l’emphase au service de l’expression la plus juste, selon la leçon que lui avait apprise Richard Strauss dans sa jeunesse, autre compositeur inséparable du souvenir de Karl Böhm. C’est en dirigeant Elektra à Dresde que le jeune Böhm avait rencontré Strauss. Les deux hommes restèrent de proches amis leur vie durant et Böhm a souvent raconté tout ce qu’il devait à Strauss dans l’art de la direction d’orchestre que le compositeur pratiquait à un très haut niveau.
Par bonheur, Karl Böhm a enregistré presque tout son répertoire pour le disque, un exercice difficile dans lequel il excellait, à la condition expresse de travailler avec le Philharmonique de Vienne ou celui de Berlin. Böhm croyait sincèrement en ce fluide qui passe entre le chef et ses musiciens, une magie qui ne pouvait, selon lui, n’exister qu’avec des orchestres qu’il connaissait parfaitement et réciproquement. C’est probablement un des secrets de la réussite de certains disques de Karl Böhm, un miracle qui se renouvelle aujourd’hui avec la publication de concerts inédits qui viennent compléter une discographie déjà abondante.
Revenant à ses premières amours, Karl Böhm avait gravé à Dresde, pour le bicentenaire de la naissance de Beethoven en 1970, une brûlante version de Fidelio, avec Gwyneth Jones, Edith Mathis, Theo Adam, James King et Peter Schreier. Urgente, fiévreuse, théâtrale, menée tambour-battant par un Karl Böhm survolté, c’est une des très grandes réalisations discographiques du chef-d’œuvre lyrique de Beethoven. Interprète de la grande tradition germanique surtout, Karl Böhm aimait aussi l’opéra italien, Verdi en particulier, dont il dirigeait volontiers Macbeth et Otello, mais la plus parfaite adéquation entre un compositeur et son interprète reste dans les Symphonies d’Anton Bruckner dont Böhm savait si bien traduire l’humanité déchirée qui aspire au ciel.
© FH – novembre 2017 /Qobuz
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