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Arcadi Volodos

N’en déplaise aux passéistes de tous âges, la race des grands seigneurs du piano n’est pas éteinte. Témoin l’art d’Arcadi Volodos qui a la trempe d’un Horowitz, d’un Benedetti-Michelangeli ou d’un Arrau. Né à Leningrad (qui n’avait pas encore retrouvé son nom d’origine de Saint-Pétersbourg) en 1972, Volodos fait démentir une autre légende tenace, celle des « écoles » nationales, car son art est si personnel, si raffiné, si intérieur qu’on ne saurait le rattacher à ce qui est communément appelé, autant par commodité que par paresse intellectuelle, « l’Ecole Russe » du piano. Une technique doit autant à un professeur qu’à des dispositions physiques et physiologiques naturelles : le poids et la position du corps, la force des avant-bras, des bras, du poignet, la longueur d’une main, l’indépendance des doigts, tout cela est donné en cadeau à la naissance avec plus ou moins d’égalité entre les pianistes. Et par-dessus tout cela l’intelligence, la culture, l’histoire et la sensibilité de chacun, cela fait beaucoup de paramètres et assez pour qu’il existe des centaines d’artistes au tempérament affirmé.


Ce qui séduit avant tout dans l’art d’Arcadi Volodos c’est cette sonorité veloutée, liquide, onctueuse qui sait caresser le clavier avec une palette de nuances infinies, mais qui sait aussi rugir dans des musiques démoniaques comme celle de Liszt ou de Rachmaninov. Ses disques sont des bijoux finement polis qui restituent au mieux sa sonorité particulière. Deux exemples viennent immédiatement à l’esprit, son  dernier album consacré aux ultimes opus de Brahms et celui dédié au compositeur si secret que fut Federico Mompou. Volodos nous emmène dans une fabuleuse promenade crépusculaire en compagnie du Brahms vieillissant, dans le ton, et le temps, de la confidence, de l’apaisement, des souvenirs, sans drame ni angoisse, juste avec le regret du temps qui passe et des choses qui se fanent. Une émotion de chaque instant. C’est cette même émotion que l’on retrouve dans la musique de Federico Mompou, musicien sensible, discret, timide qui était allé étudier dans ce Paris bien trop grand et trop volubile pour sa nature introvertie. Volodos lui-aussi est venu étudier à Paris et vit actuellement en Espagne, rien d’étonnant qu’avec cette nature et ce parcours il soit devenu un interprète si sensible de la musique du grand Espagnol si peu connu du public. Bouleversé par son univers, Volodos a enregistré un choix de pièces pour SONY CLASSICAL. A sa sortie, ce disque a révélé la musique de Mompou à un grand nombre de mélomanes et raflé toutes les récompenses.


Mais tout n’a pas été tout seul pour Arcadi Volodos dont la carrure d’athlète et l’ébouriffante virtuosité ont longtemps caché la véritable nature, sans parler de la comparaison avec Horowitz qui est devenue le réflexe de Pavlov des journalistes du monde entier. Technique monstrueuse et délicatesse extrême, voilà le difficile dilemme résolu de manière si limpide par ce musicien hors du commun.


A l’aise au concert comme au disque, Volodos fait partie des ces artistes qui transcendent ce qu’ils jouent. Grand interprète de Rachmaninov et de Scriabine, mais aussi de Ravel dont il sait exprimer ce mélange de chic, d’élégance et de mélancolie (Valses nobles et sentimentales enregistrées lors d’un récital à Vienne). Le monde enchanté, halluciné parfois, de la forêt schumanienne lui convient tout à fait et c’est avec confiance qu’on le suit dans les Waldszenen.


Vingt ans de carrière et une discographie parcimonieuse, quelques concertos, des albums thématiques (Rachmaninov, Mompou, Brahms, Schubert), des transcriptions (sa marque de fabrique), des récitals à Vienne et à New York, c’est peu, mais Volodos se donne du temps en distillant son art au compte-gouttes comme un précieux nectar. Il faudra donc s’armer de patience.


© FH – décembre 2017 /Qobuz

Discographie

14 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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