Les plus grands experts mondiaux pourraient s’y tromper : mais quel est ce chef d’œuvre inconnu de la musique brésilienne des années 70, qui tutoie les sommets et lézarde sur la plage aux côtés du Muito de Caetano Veloso et du premier album éponyme d’Arthur Verocai ? Avec ses boucles brunes et son doux air d’enfant du summer of love, Sérgio Sayeg alias Sessa va même jusqu’à ressembler au Veloso du début des années 70. Sauf que le chanteur et l’album sont d’aujourd’hui. Sessa a grandi au Brésil, puis vécu à New York, et c’est de retour à São Paulo, pendant la pandémie, qu’il a enregistré Estrela Acesa, son deuxième album envoûté qui vient de paraître sur le label newyorkais Mexican Summer.
Sessa - Gostar do Mundo (Official Video)
SessaIl y a une forme d’expérience du confinement dans Estrela acesa : on n’y entend aucun instrument électronique, aucun signe du monde contemporain. Sessa s’est isolé dans le temps, pour recréer la magie du tropicalisme, quant à la fin des années 60 les musiques brésiliennes, bossa et samba, ont pratiqué l’union libre avec la pop des Beatles, le folk de Leonard Cohen, le jazz ou les orchestrations symphoniques.
Sessa - Canção da Cura (Official Video)
SessaAutour de sa guitare classique et de sa voix suave, Sessa goûte et réunit tout ça, dans des chansons qu’on l’imagine jouer tout seul dans sa chambre, et au final orchestrées avec une luxuriance d’instruments et d’idées. Emportées par des flûtes et des chœurs féminins, les chansons tournoient jusqu’à l’hypnose. Estrela acesa n’est pas l’œuvre d’un faussaire, mais d’un alchimiste, un magicien qui réalise ici un fantasme ultime : emmener Leonard Cohen et ses choristes se perdre dans les afro-sambas de Baden Powell.
