Avec son album "Louise", l'insaisissable saxophoniste tend un pont bigarré entre Europe et Amérique, épaulé dans sa tâche par trois virtuoses d'outre-Atlantique : Theo Croker, Nasheet Waits et Joe Martin.

Il n’a pas 40 ans et pourtant Émile Parisien semble déambuler sur la planète jazz depuis déjà des lustres… Comme tant d’autres musiciens, le confinement forcé lié à la pandémie a permis à l’ancien « jeune prodige de Marciac » – étiquette qu’il a vite chiffonnée mais pas reniée – de faire une pause tant physique que mentale voire artistique, lui le saxophoniste à l’emploi du temps XXL. Une pause pour faire les choses qu’on remet toujours à demain et cogiter sur l’état de sa musique et ses vraies envies. Sans doute pour ça que Louise, son nouvel album qui paraît chez ACT Music, a les cambrures d’un autoportrait pour le sax le plus fascinant de sa génération. Fascinant et insaisissable…

Emile Parisien Sextet: Louise (Official Live Video) / Album: Louise

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Il y a d’abord ce casting aussi renversant que singulier mêlant des vieux complices de toujours (le pianiste funambule Roberto Negro et le guitariste cascadeur Manu Codjia) et des représentants virtuoses de la Terre sainte du jazz (le trompettiste Theo Croker, le bassiste Joe Martin et le batteur Nasheet Waits). Des voix (très) fortes et (très) atypiques pour accoucher d’un solide pont tendu entre les deux côtés de l’Atlantique. Mais loin du cliché « When American jazz meets European jazz… », le sextet magnifie surtout la rencontre, l’échange et le partage, quel que soit son origine. Rencontre qui a toujours été le moteur et le cœur de TOUT ce que fait Parisien depuis ses débuts…

Rarement six musiciens avaient conversé simultanément avec le même charisme et le même degré d’écoute. Au cœur de Louise, une unique reprise, Madagascar de Weather Report, est là pour rappeler que le saxophoniste prit part à l’aventure The Syndicate, formation honorant la mémoire et la musique de Joe Zawinul. Un thème que le groupe s’approprie totalement. Toutes les compositions de Louise tanguent, font du pied à la tradition avant de s’en éloigner. Et si la symphonie qui résonne durant 55 minutes reste viscéralement jazz, elle secoue un certain héritage pour montrer la vigueur d’un genre musical à des années-lumière de l’Ehpad. Un album magnifique et vivifiant que cette Louise, au titre évoquant la géniale artiste extra-terrestre Louise Bourgeois.

En 2019, Émile Parisien était l'invité de Château Palmer pour souffler les 10 bougies de Hear Palmer, l'événement qui associe vin et jazz. Qobuz était là. Séance de rattrapage :

Emile Parisien fête les 10 ans de Hear Palmer (Qobuz x Château Palmer)

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