André Tubeuf vient de nous quitter. Le 20 août 2020, il y a presque un an, notre ami nous donnait sa toute dernière chronique…, consacrée aux sœurs Olivia et Joan de Havilland ! Nous qui avons eu l’honneur de l’accompagner pendant quatorze ans dans la publication de son blog sur Qobuz, parfois plusieurs fois par semaine, nous voudrions dire combien cet homme était d’un niveau, d’une qualité humaine, d’une cordialité et d’une courtoisie remarquables.
Si d’autres témoigneront du professeur, du collègue, du musicographe, du critique, Qobuz tient à saluer l’ami au long cours, qui a tant donné à notre plateforme, de façon bénévole et bienveillante.
Avec son talent de conteur, avec des origines aux frontières de tant de mondes, avec ses souvenirs et sa proximité avec quelques-uns des interprètes les plus légendaires qui soient (ce mot de “légendaire” est ici pleinement justifié), André Tubeuf a eu le mérite exceptionnel de sensibiliser plusieurs générations de mélomanes à la découverte ou redécouverte des plus grands artistes du passé et d’éduquer les jeunes à la discophilie. Car, dans les années 1960, 70 et 80, il ne faut pas croire que les plus grands noms du microsillon des années antérieures aient été tellement documentés. Ses textes sensibles, parfois mystérieux, toujours lyriques, que l’on pouvait lire dans la Collection “Références” d’EMI, donnaient à connaître et apprendre par le son et l’écrit.
Ce genre de passeur, à la fois savant et sensible, styliste aimable goûtant peu à la tiédeur et sachant dire les choses avec une subtilité implacable et inimitable, capable aussi d’ivresse amoureuse pour les artistes qu’il admirait, n’a pas d’équivalent aujourd’hui. Pour atteindre ce niveau à la fois de compétence, de finesse et d’enchantement, il faut avoir beaucoup lu et traduit, beaucoup entendu, beaucoup travaillé, beaucoup découvert et voyagé en soi et par le monde, avoir aussi su choisir de grands moments à vivre — ils ne sont pas tous le fruit du hasard. Il faut dire qu’André Tubeuf a eu la musique comme passion avant d’enseigner la philosophie pendant toutes ses années strasbourgeoises : les épisodes du podcast mentionné en fin de cet article l’illustrent bien pour ceux qui ne connaissaient que le musicographe.
Sur Qobuz, vous pourrez retrouver la longue série d’entretiens (66 !) qu’André Tubeuf avait eu avec Sylvain Fort.
Les articles de son blog contiennent entre autres des critiques admirables.
En 2012, Qobuz organisait une interview croisée avec Pierre Bergé, au cours de laquelle les deux amis éclaircissaient leur passion discophile de jeunesse :