Cette puissance rouge d'incendie, de mégot, de torche, de phare, de fanal, qui l'habite…

« Elle chante des chansons réalistes, cependant elle dépasse le réalisme, elle ne fait pas semblant, elle transpose, elle taraude l'âme humaine, elle dessine au burin. » La façon dont Louis Léon Martin parlait de Marianne Oswald dans l’édition du 10 décembre 1933 du Petit Parisien était des plus appropriée… Cocteau fut encore plus juste, écrivant : « Je suppose que c'est cette puissance rouge d'incendie, de mégot, de torche, de phare, de fanal, qui l'habite, cet acharnement de braise, cette haleur de gaz d'acétylène, de magnésium et de lampe à souder, qui forment l'efficacité de cette chanteuse, de cette mime que bien des esprits repoussent, mais qui s'impose malgré tout. » Elle a chanté Weill et Brecht, Cocteau, Prévert, Jean Tranchant et même Le Jeu de massacre, chanson du cinéaste Henri-Georges Clouzot. Orpheline à seize ans, Marianne Oswald traversa le XXe siècle avec la violence de son temps. Ce style parlé-chanté si unique, cette façon de ne jamais caresser les oreilles dans le sens du poil, Oswald choquait, Oswald brusquait, Oswald dérangeait. Car Oswald ne mentait pas.

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