Six mois après la sortie de L’Attente, son quatrième superbe album, l’accordéoniste impressionniste Daniel Mille est en concert au New Morning le 25 mai.

Mardi 25 mai, c’est une atmosphère unique, réellement à part, qui remplira l’espace du New Morning à Paris. Ce soir-là, l’accordéoniste Daniel Mille y répandra sa poésie d’un lyrisme ultime.

« Quand parfois il lui massacre, ses petits boutons de nacre, il en fauche à son veston, pour l'accordéon ». Ces paroles sont de Gainsbourg, écrites en hommage aux accordéonistes. Comme l’auteur de ces vers, Daniel Mille, impressionniste de l’accordéon, est un amoureux des mélodies. En écho à ces quelques lignes d’une chanson oubliée, c’est bien l’émotion, la poésie, les paysages, le lyrisme, la sensualité, les instants furtifs, les climats d’entre-deux, qui guident les doigts de cet artiste ; car avec Mille, avant même de parler de style, d’instrument, de technique ; nous voyageons, nous nous émouvons et nous vibrons sur un univers magnifique.

L’attente n’est plus, le disque est là… le sixième pour Daniel Mille, musicien d’un film imaginaire, conteur d’histoires pleines de tendresse et à l’élégance hors du temps. L’Attente c’est aussi le titre du premier morceau composé pour ce voyage en dix mouvements.

L’attente pendant laquelle le musicien laisse patiemment venir à lui la mélodie en s’entêtant, par hasard et obstinément, sur une note, voire deux ; un accord, et pourquoi pas deux qui n’auraient a priori rien à voir l’un avec l’autre et qui pourraient le surprendre.

C’est dans cet état d’esprit, cette attitude heureuse que l’album c’est dessiné, sous ses doigts, sur la nacre. D’attente, il n’en eu aucune, pour réunir une équipe en totale empathie avec la sensibilité de son leader. Les comparses se sont imposés, incontournables par leur talent, leur amitié, leur âme…

Une légende, André Ceccarelli à la batterie, avec lequel Daniel Mille rêvait depuis longtemps de jouer. Des jeunes loups comme le talentueux contrebassiste Jérôme Regard dont l’accordéoniste avoue avoir du mal à se passer depuis qu’il l’a découvert voici deux ans. Quelques chevronnés comme l’excellent et trop peu connu pianiste Alfio Origlio, membre régulier du quintet de Daniel Mille.

Des compagnons de route aussi : le souffle chaleureux et rêveur du bugle de Stéphane Belmondo et le foisonnement polychrome et tonique des percussions de Minino Garay. La belle voix sombre au phrasé nonchalant de Jean-Louis Trintignant sur un texte de Boris Vian Je voudrais pas crever, avec qui Mille travaille depuis près de quinze ans et a enregistré naguère deux fort beaux disques. Des frères « deux drôles de petits gars, au souffle suspendu » : l’aîné, l’immense Marcel Azzola et le cadet qui monte, Lionel Suarez qu’on s’arrache un peu partout. Fraternité des anches et des soufflets pour trousser Place Sainte Catherine, une valse singulière qui fait chavirer, composée par Mille dans la plus pure tradition et qui dévoile bien plus qu’une simple association valse-accordéon… Enfouie depuis longtemps au fond d’un tiroir, la terrible envie de la partager avec Marcel et Lionel ne lui a pas offert un autre choix.

Enfin, Eric Legnini, pianiste quand il n’officie pas derrière une console ou un laptop, ami, fidèle, qui pendant toute la réalisation du disque a été un merveilleux conseiller artistique, co-arrangeur, oreille experte et fraternelle, comme il le fut sur le précédent Après la pluie ; il laisse l’empreinte de ses doigts sur le clavier pour un thème brésilien, Retrato en branco e preto.

Rolando Faria, membre du mythique duo brésilien Les Etoiles, déjà présent sur le premier disque de Daniel Mille en 1994 et qui pose sa voix unique sur un thème d’Astor Piazzolla. Jean-Christophe Maillard, indescriptible, toujours là où on ne l’attend pas, présent sur les trois premiers disques de Mille et qui se faufile comme un chat empereur sur L’Attente.

Enfin le clarinettiste Stéphane Chausse avec lequel Daniel Mille joue régulièrement en formidable duo et qui ne pouvait que figurer dans cette réunion d’amis.

Ainsi entouré Mille réalise un disque éblouissant, émouvant, qui confirme sa place à part dans le monde de l’accordéon, et dans celui de la musique tout simplement. La place d’un poète et d’un voyageur qui excelle dans l’art de prendre l’auditeur par la main et qui l’entraîne sur les chemins où il a lui-même glané des perles mélodiques, des bribes de rêve, des visions d’ailleurs… Autant de joyaux sonores qui donnent à la vie une saveur impalpable, persistante, essentielle.

Ultime attente pour ce baladin des notes : le sentiment que vous aurez, à l’écoute de cet album, de ces dix moments de plaisirs, qui font oublier justement l’attente, et qui méritent qu’on accorde à l’artiste, « bien plus que l’aumône » (cf. Serge Gainsbourg).

Le site officiel de Daniel Mille

Le site officiel du New Morning