Créé cette année par le New York Philharmonic Orchestra, le Marie-Josée Kravis Award a été attribué au compositeur français Henri Dutilleux.

Pour sa première édition, le Marie-Josée Kravis Award a été décerné au compositeur français Henri Dutilleux. D’une valeur de 200.000 dollars et accompagné d’une commande d’œuvre, ce prix récompense une personnalité agissant en faveur du rayonnement de la musique contemporaine au New York Philharmonic Orchestra.

Alan Gilbert et Zarin Mehta, respectivement directeur musical et président de la phalange newyorkaise, ont donné son prix au compositeur qui soufflera ses 96 bougies le 22 janvier prochain. Economiste, philanthrope et ancienne femme du chef Charles Dutoit, Marie-Josée Kravis contribue régulièrement au soutien du New York Philharmonic Orchestra (dont 10 millions de dollars en 2009 !).

Ce Kravis Award sera attribué tous les deux ans. Les années où il ne le sera pas, le New York Philharmonic Orchestra attribuera une bourse de 50.000 dollars à un jeune compositeur pour l’écriture d’une œuvre. Cette année, Henri Dutilleux sera célébré par trois compositeurs à qui l’orchestre newyorkais commandera une œuvre dédiée au Français. Le Hongrois Peter Eötvös est le premier d’entre eux.

Le 26 juin 2012 enfin, le New York Philharmonic Orchestra fêtera Dutilleux lors d’un concert où seront donné Métaboles, Ainsi la nuit et, avec le violoncelliste Yo-Yo Ma, Tout un monde lointain.

Né le 22 janvier 1916 à Angers, Dutilleux entre en 1933 au Conservatoire de Paris, où il suit les cours de contrepoint et fugue avec Noël Gallon, de direction d'orchestre avec Philippe Gaubert, de composition avec Henri Busser et d’histoire de la musique avec Maurice Emmanuel. Il y reçoit un premier prix d'harmonie, de contrepoint et de fugue, puis obtient le Grand Prix de Rome en 1938 avec la cantate L’Anneau du Roi.

Il étudie à cette époque le traité de composition de Vincent d’Indy, découvre Bartók, Stravinsky et le sérialisme, mais restera toujours en marge de ces diverses esthétiques. Sa renommée est internationale aussi bien en tant que compositeur qu’en tant qu’enseignant. Il mène une importante activité de pédagogue, nommé professeur de composition en 1961 à l’Ecole Normale Supérieure, puis au Conservatoire supérieur de Paris de 1970 à 1984. Il est invité dans de nombreux pays comme professeur et conférencier.

Les premières œuvres d’Henri Dutilleux sont créées pendant la guerre : Quatre mélodies pour chant et piano, en 1943, Geôle pour voix et orchestre, en 1944. Roger Désormière et l'Orchestre National créent sa première symphonie en 1951 et la compagnie Roland Petit, le ballet Le Loup en 1953.

En 1959, Charles Münch à Boston créé La Deuxième Symphonie, puis les Métaboles en 1965, une de ses œuvres les plus fréquemment jouées. Son quatuor à cordes de 1977, Ainsi la nuit, rencontre un succès exceptionnel. Dutilleux écrit des œuvres pour sa femme, la pianiste Geneviève Joy, ainsi que pour de nombreux autres grands interprètes : le concerto pour violoncelle et orchestre Tout un monde lointain lui est commandé par Mislav Rostropovitch en 1970.

Henri Dutilleux compose Sur un même accord en 2002 pour la violoniste Anne-Sophie Mutter, Correspondances, l’année suivante, pour la soprano Dawn Upshaw. Enfin, Le Temps l'horloge pour voix et orchestre, dédié à la soprano américaine Renée Fleming sur des textes de Jean Tardieu et Robert Desnos, commande conjointe de l'Orchestre symphonique de Boston, de l'Orchestre National de France et du Festival Saito Kinen, est créé le 6 septembre 2007 par l'Orchestre International Saito Kinen sous la baguette de Seiji Ozawa (trois premières mélodies). La création complète avec interlude orchestral et Enivrez-vous sur un poème de Baudelaire, a lieu le 7 mai 2009 par Fleming et Ozawa à Paris.

Le site du New York Philharmonic Orchestra