Le cloître de l’Eglise des Jacobins accueillera, avec d’autres lieux symboliques de Toulouse, le très réputé rendez-vous de la scène pianistique internationale. Une trentaine de concerts, dont trois seront consacrés au jazz, émailleront le mois de septembre. Une ouverture des horizons musicaux qui va de pair avec le développement du festival à l’international, notamment à Pékin et à Shanghai au printemps.

Le Festival Piano aux Jacobins à Toulouse s'ouvrira cette année le 4 septembre par un récital de Henri Barda dont on aimerait penser que ce sera enfin le grand retour à l'affiche des concerts en France – il faut féliciter Piano aux Jacobins d'avoir de la sorte eu le courage de rendre hommage à l'un des plus grands pianistes français vivants. Il y interprétera Ravel (Valses nobles et sentimentales, Sonatine, Le tombeau de Couperin) et Chopin : 24 Préludes op.28. On se souvient de ses sonates de Chopin, parues chez Calliope dans les années 1970, qui avaient créé la sensation par l’évidence de leur interprétation et leur limpidité. Depuis, les rares enregistrements d'Henri Barda ont contribué au secret qui l’entoure. Il revient sur son itinéraire le temps d’une rencontre podcast, évoque sa collaboration avec la danse, ses récitals aux Japon (un de ses récitals récents à Tokyo vient d’être publié par Sisyphe). A la question de sa conception de l'interpration, il répondait par une esthétique de l'effacement de l'interprète: "ne pas superposer ses propres défauts, et même ses propres qualités, à l'oeuvre (...) les œuvres n’ont pas besoin de moi", développe-t-il dans un parallèle entre le texte littéraire et la partition. Ses propos sur la mélodie, « un chant entouré de nuages d’harmonies plutôt qu’encombré par l'harmonie", ne trouvent de meilleur témoignage que celui de ses disques. Sa venue donnera à cette 33ème édition du festival une saveur particulière.

Autre fait remarquable: l'ouverture du festival au jazz -un jazz qui noue le dialogue avec le classique, tant Baptiste Trotignon et Thomas Enhco pratiquent un jazz nourri par leur formation classique. Thomas Enhco, que nous avons rencontré dans un podcast mélange les éléments qui font sa culture (jazz, musique classique, pop/rock). L'intelligence de son jeu lui a valu en 2010 le Django d’Or Nouveau Talent pour son album Someday My Prince Will Come).

Le 28 septembre, la venue de Baptiste Trotignon placera elle aussi le jazz au même niveau d’excellence que la programmation classique. La pianiste formé au Conservatoire de Nantes a déjà derrière lui une carrière en flèche, jalonnée de titres prestigieux, en solo ou en trio. Son premier album, Fluide, sorti en 2000, le révèle à 26 ans comme l’un des plus séduisants pianistes de la nouvelle génération, le disque se voyant décerner en mars 2001 un Django d’Or Espoir pour un premier disque. En 2001, toujours avec le même trio, Baptiste Trotignon sort son deuxième disque Sightseeing. Jazzman attribue au disque un Choc de l’année. Il est ensuite de plus en plus présent sur les scènes des festivals internationaux avec son trio : Jazz in Marciac, Montréal, La Villette Jazz Festival, Montreux… Les Victoires du Jazz 2003 lui décernent la Révélation française de l’année. Au printemps 2003, Baptiste Trotignon sort son nouveau disque, cette fois-ci en piano solo, dans un répertoire composé entièrement d’originaux, tout en multipliant des rencontres dans des directions les plus diverses : concerts en duo avec Brad Mehldau, ou encore avec le pianiste classique Nicholas Angelich, qui sera lui aussi présent cette année au festival.

Pas de thème conducteur donc, sinon celui de présenter une palette très large des différents styles d'interprétation pianistique, dans un mélange des générations, des genres et des nationalités.

Parmi les pianistes légendaires qui ont donné au festival toute son aura, on retrouvera ainsi Menahem Pressler, le 13 septembre, dans deux Sonates de Schubert (Sonate n°18 en sol majeur, op.78, Sonate n°21 en si bémol majeur, D. 960). Le fondateur et pianiste du Beaux Arts Trio reviendra à Toulouse, après plus de 55 ans avec son trio, la saison 2007/2008 ayant vu la fin de l’un des trios les plus remarquables, dont Menahem Pressler fut l’unique pianiste. Le professeur de Bloomington reviendra à sa carrière de soliste, qui comprend une trentaine d’enregistrements.

La venue d’Elisabeth Leonskaja, le 26 septembre, rappellera elle aussi les grandes figures qui ont fait l’histoire du festival. « La dernière grande Dame de l’Ecole Soviétique », écrivait un journaliste français, inscrira le festival dans la tradition des grands interprètes soviétiques comme Emil Gilels ou Sviatoslav Richter, lequel avait su reconnaître son exceptionnel talent et assuré sa promotion en l’invitant à jouer en duo avec lui, une coopération sublimée par leur amitié. Outre une carrière de soliste -Elisabeth Leonskaja a joué en soliste avec pratiquement tous les orchestres de premier plan-, elle a accordé une part importante de son travail à la musique de chambre en donnant fréquemment des concerts avec les quatuors Emerson, Borodin et Artemis. Son immense discographie a été marquée par des temps forts, comme le Diapason d’Or reçu pour ses enregistrements d’œuvres de Liszt.

A égalité avec les gloires confirmées, souvent habituées du festival (Krystian Zimerman, Nicholas Angelich), et les musiciens aux parcours déjà riches mais ayant peu joué en France (Simone Dinnerstein, Anne‐Marie Mac Dermott) figurent des artistes la nouvelle génération - Alexander Krichel, Geogry Tchaidze, Anastasya Terenkova. Le samedi 15 septembre, le récital Guillaume Coppola sera très attendu. L’année dernière, Classica lui a consacré un portrait ; et son disque Franz Liszt - un portrait, a rallié tous les suffrages.

Ci-dessous le programme du cloître

Programme cloître

Mardi 4 - 20h - Henri Barda p.7

Ravel ‐ Chopin

Mercredi 5 - 20h - Anastasya Terenkova p.8

Chopin ‐ Scarlatti ‐ Liszt ‐ Moussorgsky

Jeudi 6 - 20h - Nelson Goerner p.10

Bach ‐ Mendelssohn ‐ Chopin

Vendredi 7 - 20h - Duo Yaara Tal & Andreas Groethuysen p.11

Bach ‐ Mozart/Beyer ‐ Mozart ‐ Ysaÿe ‐ Debussy ‐ Strauss/Singer

Mardi 11 - 20h - Georgy Tchaidze p.12

Beethoven ‐ Prokofiev

Mercredi 12 - 20h - Simone Dinnerstein p.13

Chopin ‐ Felsenfeld ‐ Brahms ‐ Bach ‐ Schuman

Jeudi 13 - 20h - Menahem Pressler p.15

Schubert

Vendredi 14 - 20h - Anne‐Marie Mac Dermott p.16

Haydn

Dimanche 16 - 16h - Guillaume Vincent p.17

Mozart ‐ Chopin ‐ Rachmaninoff

Mardi 18 - 20h - Philippe Bianconi p.18

Schumann ‐ Debussy

Mercredi 19 - 20h - Alexander Krichel p.19

Beethoven ‐ Schumann ‐ Rachmaninoff

Jeudi 20 - 20h - Nicholas Angelich p.20

Bach

Vendredi 21 - 20h - Grégory Privat p.21

Concert carte blanche jazz

Mardi 25 - 20h - Dana Ciocarlie p.22

Jaëll ‐ Liszt ‐ Wagner/Jaëll ‐ Wagner/Liszt ‐ Wagner

Mercredi 26 - 20h - Elisabeth Leonskaja p.23

Schubert ‐ Berg ‐ Brahms

Jeudi 27 - 20h - Elisabeth Leonskaja p.23

Mozart ‐ Schoenberg ‐ Beethoven ‐ Tchaïkovski

Vendredi 28 - 20h - Baptiste Trotignon p.24

Concert carte blanche jazz

La programmation détaillée sur le site du festival

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