Ce mois-ci, Pierre Boulez dirigera l’Orchestre de Paris dans Schönberg et Bartók, le 20 sous la pyramide du Louvre et le 21 à la Salle Pleyel.

Mardi 20 et mercredi 21 décembre, Pierre Boulez dirigera l’Orchestre de Paris dans deux lieux parisiens prestigieux : le 20 sous la pyramide du Louvre (concert gratuit) et le 21 à la Salle Pleyel. Au programme de ces deux soirées débutant chacune à 20h, La Nuit transfigurée de Schönberg et le Concerto pour orchestre de Bartók. La soirée à Pleyel sera agrémentée du Concerto pour piano n°2 de Bartók avec au piano Bertrand Chamayou.

Depuis 35 ans, Pierre Boulez est l’invité régulier de l’Orchestre de Paris. Son répertoire est celui du modernisme au XXe siècle et ce programme des 20 et 21 décembre en est le reflet. Schoenberg et Bartók furent tous deux des novateurs. L’un transgressant l’harmonie conventionnelle pour ouvrir des espaces sonores nouveaux. L’autre apportant un surcroît d’énergie à la musique, un rythme revigoré par les traditions populaires. Deux compositeurs liés également par le destin qui les vit émigrer aux Etats-Unis, Schoenberg en 1933 sur la côte Ouest, Bartók en 1940 sur la côte Est.

C’est de cette dernière période que date le Concerto pour orchestre, ultime commande au compositeur malade. Chaque groupe instrumental y est tour à tour soliste. Serge Koussevitzky qui dirigea la première exécution de l’œuvre y vit la partition la plus intéressante des 25 dernières années. Son attrait ne s’est jamais démenti, chaque auditeur étant saisi par le mystère des sonorités initiales et la vitalité sans cesse croissante qui emporte l’œuvre vers son point final.

Datant de 1899, La Nuit transfigurée est, elle, une œuvre de jeunesse encore marquée par Wagner mais déjà plus qu’aventureuse. Dans les années 40, en exil, Schoenberg décida de transcrire le sextuor à cordes original en une partition pour orchestre de cordes. Le Concerto pour piano n°2 de Bartók date quant à lui des années 30. Très acrobatique, il requiert une parfaite entente entre chef, orchestre et soliste à cause de ses enchevêtrements et de sa complication rythmique. L’influence de Stravinski y est sensible : le thème du premier mouvement évoque nettement Petrouchka et l’orchestration (les cordes restent silencieuses) rappelle la Symphonie pour instruments à vents de 1920. Le mouvement central, lui, anticipe le Concerto pour orchestre avec ses bruissements de cordes à peine perceptibles. Avec ses allusions au premier mouvement, le final complète la construction en arche caractéristique de Bartók. Son premier concerto s’était avéré extraordinairement compliqué, l’œuvre du virtuose pour lui-même. Le troisième fut achevé aux derniers jours d’une lutte difficile contre la maladie. Ce Concerto pour piano n°2 reste quant à lui le témoignage le plus universel et le plus enjoué de Bartók et une de ses œuvres les plus accessibles.

Né le 26 mars 1925 à Montbrison, Pierre Boulez suit les cours d’harmonie d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris. Il est nommé directeur de la musique de scène à la Compagnie Renaud-Barrault en 1946. Soucieux de la diffusion de la musique contemporaine et de l’évolution des rapports du public et de la création, il fonde en 1954 les concerts du Domaine musical qu’il dirige jusqu’en 1967, puis en 1976 l’Ircam (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) et l’Ensemble intercontemporain.

Parallèlement, Boulez entame une carrière internationale de chef d’orchestre et est nommé en 1971 chef permanent du BBC Symphony Orchestra et directeur musical du New York Philharmonic Orchestra. Directeur de l’Ircam jusqu’en 1991, professeur au Collège de France de 1976 à 1995, il est l’auteur de nombreux écrits sur la musique. Il est invité régulièrement aux festivals de Salzbourg, Berlin, Édimbourg, et dirige les grands orchestres de Londres, Chicago, Cleveland, Los Angeles, Vienne ainsi que l’Ensemble intercontemporain avec lequel il entreprend de grandes tournées.

L’année de son 70e anniversaire est marquée par une tournée mondiale avec le London Symphony Orchestra et la production de Moïse et Aaron à l’Opéra d’Amsterdam dans une mise en scène de Peter Stein. Une grande série de concerts avec le LSO en Europe et aux États-Unis, mettant en perspective le répertoire orchestral du XXe siècle, domine les huit premiers mois de l’année de son 75e anniversaire. Pierre Boulez retourne à Bayreuth en 2004-2005 pour Parsifal.

L’année de ses 80 ans est marquée par de nombreux hommages et célébrations qui accompagnent ses tournées de concerts. Il monte avec Patrice Chéreau De la maison des morts à Vienne, Amsterdam et Aix-en-Provence en 2007. Fin 2008, il est le « grand invité » du Louvre. Il dirige pour la septième fois l’Académie du Festival de Lucerne à l’été 2009.

Tout à la fois compositeur, auteur, fondateur et chef d’orchestre, Pierre Boulez se voit décerner des distinctions telles que Prize of the Siemens Foundation, Léonie Sonning Prize, Praemium Imperiale of Japan, The Polar Music Prize, le Grawemeyer Award pour sa composition sur Incises, le Grammy Award de la meilleure composition contemporaine pour Répons, et il est à la tête d’une importante discographie. Son catalogue comprend une trentaine d’œuvres allant de la pièce soliste (Sonate pour piano, Dialogue de l’ombre double pour clarinette, Anthèmes pour violon) aux œuvres pour grand orchestre et chœur (Le Visage nuptial, Le Soleil des eaux) ou pour ensemble et électronique (Répons, ...explosante-fixe...). Ses dernières compositions sont sur Incises, créée en 1998 au Festival d’Édimbourg, Notations VII, créée en 1999 par Daniel Barenboim à Chicago, et Dérive 2, créée à Aix-en Provence à l’été 2006.

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