Entouré par son groupe les Marvels, le grand saxophoniste signe un album magnifique, hanté par la guitare atmosphérique du génial Bill Frisell...

Avec la superbe Tone Poem qui vient de paraître chez Blue Note, le guitariste Bill Frisell, le sorcier de la pedal steel Greg Leisz, le contrebassiste Reuben Rogers et le batteur Eric Harland poursuivent l’aventure des Marvels pilotée par Charles Lloyd. À 83 ans, le toujours aussi sémillant saxophoniste et ses complices signent le troisième enregistrement de cette formation éclectique qui, parfois, embarque le jazz sur les rives de l’americana ; mais pas que.

Aucun invité au micro cette fois, comme ce fut le cas avec Lucinda Williams sur Vanished Gardens, mais du 100% instrumental mêlant des compos originales et des reprises d’Ornette Coleman, Thelonious Monk, Leonard Cohen, Gabor Szabo et Bola de Nieve. Comme toujours, la pedal-steel, instrument très typé mais quasiment jamais utilisé dans le jazz, apporte une coloration originale, une tonalité poétique inédite, et se marie à la perfection au son chaud et sensuel de Lloyd.

Charles Lloyd & The Marvels - Tone Poem (Poem Recitation)

Blue Note Records

Un alliage dans lequel Frisell – toujours aussi inspiré – glisse des phrases précises, jamais bavardes, et elles aussi empreintes d’un certain onirisme. À l’arrivée, Tone Poem est sans doute l’album le plus convaincant des Marvels de Charles Lloyd. Celui où les voix de chaque protagoniste résonnent pour leur singularité mais aussi pour leur volonté constante de former un vrai groupe et non un simple all-stars clinquant mais vain. Parfait.

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