Triple Zero +

Chronique

« Prenez place et attachez votre ceinture, allumez l’auto-radio : vous venez d’embarquer pour un périple initiatique dans le monde du Peuple de l’Herbe… ». Tel aurait pu être le slogan de ce premier album du groupe amateur de groove sous toutes ses formes.
Déclinant à l’envi samples et extraits de films détournés pour coller à leur thème de prédilection, (voir « l’os » à sept feuilles du chien sur la pochette) le groupe publie sur son label SupaDope, un premier LP, regroupant les titres des premiers maxis publiés en 1999, ainsi que ceux composés pour le film Baise-moi de V. Despentes (« Sexual Attraction », « Electro M.J. »), qui s’avèrent en fait être les moins intéressants.
En guise d’introduction, « P.H. Theme » donne à Sir Jean (du groupe Mei Tei Sho, formation cadette mais d’inspiration similaire, avec qui le Peuple de l’Herbe a partagé la scène en tournée) l’occasion de participer au premier hymne d’un groupe français qui va devenir incontournable.
A l’aube des années 2000, ces lyonnais deviennent parrains d’une scène dub-électro et hip-hop qui a, dans leur sillage, particulièrement bien fleuri en France (les autres lyonnais d’Hightone, EZ3kiel ou dans un genre plus instrumental, Improvisator Dub, etc). Mais au lieu de prendre leur rôle au sérieux, quand d’autres membres de la famille hip-hop peuvent avoir un message plus violent, « Le Peuple », lui, cultive l’art de la légèreté.
Ces quatre musiciens ont été inspirés par le trip-hop de Bristol (« Armageddon ») mais souhaitent mettre au premier plan les instruments jazz (la famille musicale d’où est issu N'Zeng, trompettiste du groupe) pour nous conter des histoires et nous faire voyager. Certes, avec ses samples en anglais, gimmicks obsessionnels, le road movie tient parfois d’un Las Vegas Parano. A moins que ce ne soit l’esprit blagueur « parodique », façon La Classe Américaine (dont on peut entendre des extraits disséminés ça et là), qui fasse oublier à l’auditeur la destination du voyage : San Francisco, Hollywood ou Babylon By Bus (« Reggaematic ») ? Cela n’a pas d’importance, Triplezéro est un abolisseur de frontières, prouvant qu’il importe peu au groupe d’être mis dans une case.
Malgré ses accélérations électro, ragga et jungle, Triplezéro  comporte quelques faiblesses et adopte parfois un rythme de croisière. Allure que le Peuple de l’Herbe n’a aucun mal à stopper lorsqu’il s’agit d’enfourcher son cheval de bataille favori : le live.

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