Rhyme Space Continuum (Beat Assailant)

Chronique

Volontiers surnommé le « plus français des rappeurs américains », Adam Turner, originaire d’Atlanta, est plus connu sous le nom de Beat Assailant. Féru de la capitale française, il y rencontre le compositeur Maxime Lebidois en 2001. Depuis, c’est une collaboration fructueuse qui les réunit aussi bien sur Hard Twelve (2005) que sur Imperial Pressure (2008), qui se distinguent déjà par l’éclectisme de leurs sonorités partagées entre hip-hop, soul et électro, avec certaines variations jazzy.

Le nouvel album de Beat Assailant, Rythm Space Continuum, confirme que le rappeur est bien nommé, et, surtout, doté d’une ouverture musicale plus qu’appréciable. Quinze titres d’une égale qualité forment un ensemble d’obédience hip-hop, mais qui lorgne de plus en plus vers le son Tamla Motown des années soixante. Beat Assailant déploie néanmoins toutes ses capacités vocales et son flow incomparable d’énergie positive - à la fois mutin et piquant. Quant aux textes, ils restent acérés, mais sans excès inutile. D’autre part, en s’entourant de Maxime Lebidois ou du saxophoniste Maxime Pinto, maître es cuivres, Beat Assailant confirme qu’une orchestration exigeante ne peut qu’optimiser la force de son propos.

De plus, Rythm Space Continuum n’hésite pas à convoquer d’autres types de personnalités. À chaque titre, son ambiance. L’acoustique s’allie superbement au R&B sur « Creep », « Get Your Life on Track » se veut funky, les synthétiques « Rythm Space Continuum » et « Spaceship » leur confèrent un aspect futuriste, le rap est plutôt old school avec « Fuck da Jones ». Ben l’Oncle Soul impose la chaleur de son chant sur le cuivré « Spy », à l’atmosphère très music-hall. Il apparaît également sur les très soul attitude « Role Model » et « Working So Hard », où il partage la vedette avec l’autre invité de marque de l’album, Ope Smith.

La (trop ?) riche diversité des morceaux pourrait faire croire à The Neptunes, Bobby Womack ou De La Soul, réunis le même jour dans le même studio d’enregistrement. Mais une chose est sûre : le plaisir est toujours présent à l’écoute d’un album de Beat Assailant. Dansant, sensuel, bénéficiant d’un rythme soutenu, Rythm Space Continuum ne déroge pas à la règle.


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