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Mingus Plays Piano est un cas de renouvellement artistique total et singulier dans la carrière de Charles Mingus. Celui que l'on retient souvent comme le magistral compositeur et interprète de The Black Saint and the Sinner Lady ne jouait pas seulement de la contrebasse ! Il avait par ailleurs commencé sa formation instrumentale par le violoncelle, instrument qu’il abandonna très vite parce que trop connoté. C’est pourtant vers le piano, autre stéréotype du « musicien classique blanc », que Mingus se tournera à l’aube des années soixante.
En créateur exigeant, Charles Mingus avait cherché à établir, durant la décennie précédente, un dialogue avec ses batteurs successifs (en mettant notamment au point avec Dannie Richmond la « rotary perception », sorte de rythme circulaire pratiqué dans plusieurs boîtes de jazz) qui illuminèrent des aspects de sa personnalité avec plus ou moins de réussite selon les affinités des interlocuteurs en question. Le jeu en sextet restant toutefois sa formule privilégiée, Charles Mingus expérimenta d'autres organisations instrumentales expressives. Dans Mingus Oh Yeah !, pièce conçue deux ans auparavant pour une grosse formation conjoncturelle (et qui fut un échec commercial cuisant), il joue exclusivement du piano. Dès lors, l'imposant contrebassiste, déçu par ses pianistes, s'installera de plus en plus souvent derrière le clavier ébène et ivoire, jusqu'à déclarer à deux journalistes de jazz Magazine en juin 1964 : « les pianistes, en général, interprètent mal ma musique. Ils se trompent souvent dans les accords. Quand c’est moi qui m’installe au clavier, il n’y a plus de problèmes. Je ne joue pas du piano comme un pianiste mais plutôt comme un compositeur. De toute façon, je n’ai pas de mal à jouer mieux que la plupart des pianistes modernes. Si l’on excepte Jaki Byard et, naturellement, Bud Powell, la majorité des pianistes d’aujourd’hui n’ont pas de main gauche. Moi, je me sers de celle-ci et comme j’y mets beaucoup de coeur, j’obtiens un bon résultat. »
Dès l’instant, il était logique que Charles Mingus affronte le défi du piano solo. Il entre dans un studio du label RCA à New York, le 30 juillet 1963. Durant cette journée de studio, le miracle musical se produit plusieurs fois et en onze compositions spontanées et improvisations, Mingus révèle un pianisme novateur qui appuie tour à tour sa veine introspective (« Meditations for Moses »), romantique (« I Can't Get Started ») ou lyrique (« Body and Soul»). Outre l'attention toute particulière, portée au langage musical propre (richesses harmoniques, astuces mélodiques), on lui reconnaîtra d'autres qualités plus évidentes : il est l’un des pianistes de jazz à avoir utilisé les pédales de la manière la plus intelligente, en obtenant de remarquables effets de contraste. De plus, la relation entre les deux mains est extrêmement riche car il soumet fréquemment le jeu de la main gauche à celui de la main droite et il en ressort un swing très efficace. En d'autres occasions, il s'abstient d'utiliser la main gauche durant quelques secondes afin de mieux la souligner. Les blocs d'accords sont introduits avec charme et élégance. Les harmonies impressionnistes révèlent sa passion pour la musique classique de la vieille Europe. Mais Mingus les incorpore à un art indubitablement jazzistique et personnel. Une frontière que la plupart de ses partisans ne surent pas respecter.
©Copyright Music Story 2015
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Charles Mingus, Composer, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Ira Gershwin, Author - Vernon Duke, Composer - Charles Mingus, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Edward Heyman, Author - Robert Sour, Author - Charles Mingus, MainArtist - George Douglas, Producer - John W. Green, Composer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Charles Mingus, Composer, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Andy Razaf, ComposerLyricist - Eubie Blake, ComposerLyricist - Charles Mingus, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Charles Mingus, Composer, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 The Verve Music Group, a Division of UMG Recordings, Inc.
Charles Mingus, Composer, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Charles Mingus, Composer, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Charles Mingus, Composer, MainArtist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 UMG Recordings, Inc.
Ned Washington, ComposerLyricist - Charles Mingus, MainArtist - George Bassman, ComposerLyricist - George Douglas, Producer - Bob Thiele, Producer - Bob Simpson, Recording Engineer, StudioPersonnel
℗ 1963 The Verve Music Group, a Division of UMG Recordings, Inc.
Chronique
Mingus Plays Piano est un cas de renouvellement artistique total et singulier dans la carrière de Charles Mingus. Celui que l'on retient souvent comme le magistral compositeur et interprète de The Black Saint and the Sinner Lady ne jouait pas seulement de la contrebasse ! Il avait par ailleurs commencé sa formation instrumentale par le violoncelle, instrument qu’il abandonna très vite parce que trop connoté. C’est pourtant vers le piano, autre stéréotype du « musicien classique blanc », que Mingus se tournera à l’aube des années soixante.
En créateur exigeant, Charles Mingus avait cherché à établir, durant la décennie précédente, un dialogue avec ses batteurs successifs (en mettant notamment au point avec Dannie Richmond la « rotary perception », sorte de rythme circulaire pratiqué dans plusieurs boîtes de jazz) qui illuminèrent des aspects de sa personnalité avec plus ou moins de réussite selon les affinités des interlocuteurs en question. Le jeu en sextet restant toutefois sa formule privilégiée, Charles Mingus expérimenta d'autres organisations instrumentales expressives. Dans Mingus Oh Yeah !, pièce conçue deux ans auparavant pour une grosse formation conjoncturelle (et qui fut un échec commercial cuisant), il joue exclusivement du piano. Dès lors, l'imposant contrebassiste, déçu par ses pianistes, s'installera de plus en plus souvent derrière le clavier ébène et ivoire, jusqu'à déclarer à deux journalistes de jazz Magazine en juin 1964 : « les pianistes, en général, interprètent mal ma musique. Ils se trompent souvent dans les accords. Quand c’est moi qui m’installe au clavier, il n’y a plus de problèmes. Je ne joue pas du piano comme un pianiste mais plutôt comme un compositeur. De toute façon, je n’ai pas de mal à jouer mieux que la plupart des pianistes modernes. Si l’on excepte Jaki Byard et, naturellement, Bud Powell, la majorité des pianistes d’aujourd’hui n’ont pas de main gauche. Moi, je me sers de celle-ci et comme j’y mets beaucoup de coeur, j’obtiens un bon résultat. »
Dès l’instant, il était logique que Charles Mingus affronte le défi du piano solo. Il entre dans un studio du label RCA à New York, le 30 juillet 1963. Durant cette journée de studio, le miracle musical se produit plusieurs fois et en onze compositions spontanées et improvisations, Mingus révèle un pianisme novateur qui appuie tour à tour sa veine introspective (« Meditations for Moses »), romantique (« I Can't Get Started ») ou lyrique (« Body and Soul»). Outre l'attention toute particulière, portée au langage musical propre (richesses harmoniques, astuces mélodiques), on lui reconnaîtra d'autres qualités plus évidentes : il est l’un des pianistes de jazz à avoir utilisé les pédales de la manière la plus intelligente, en obtenant de remarquables effets de contraste. De plus, la relation entre les deux mains est extrêmement riche car il soumet fréquemment le jeu de la main gauche à celui de la main droite et il en ressort un swing très efficace. En d'autres occasions, il s'abstient d'utiliser la main gauche durant quelques secondes afin de mieux la souligner. Les blocs d'accords sont introduits avec charme et élégance. Les harmonies impressionnistes révèlent sa passion pour la musique classique de la vieille Europe. Mais Mingus les incorpore à un art indubitablement jazzistique et personnel. Une frontière que la plupart de ses partisans ne surent pas respecter.
©Copyright Music Story 2015
À propos
- 1 disque(s) - 10 piste(s)
- Durée totale : 00:41:18
- Artistes principaux : Charles Mingus
- Compositeur : Various Composers
- Label : Verve Reissues
- Genre : Jazz
© 1963 UMG Recordings, Inc. ℗ 2011 UMG Recordings, Inc.
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