Les chemins de verre

Chronique

Huit ans après leur premier album, Karkwa livre ici leur quatrième opus, et c’est avec plaisir que l’on (re)découvre ce groupe, enfin distribué par chez nous, plusieurs mois après sa sortie outre-Atlantique. Victorieux du Polaris Prize au Canada, ces Chemins de Verre sont jalonnés par une rare sensibilité pop mêlée à un univers parfois sombre, souvent exalté. Karkwa, c’est Radiohead qui aurait rencontré dEUS dans une rue obscure de Montréal un soir de pluie. « Le Pyromane » et sa mélodie chaloupée, « Marie Tu Pleures » et sa guitare folk flamboyante soutenue par un rythmique qui finit par s’emballer, ou encore le véloce « Les Chemins de Verre » sont autant de titres qui imposent Karkwa comme un groupe de rock qui va compter.

Entre nonchalance et incantations évanescentes, la voix de Louis-Jean Cromier part en vrille, se disperse volontairement, se déploie souvent avec grâce. Force est de reconnaitre, à l’écoute de certains titres, que le choix de la langue de Molière n’est ici jamais regrettable. Avec des textes inspirés, bien imagés, le groupe parvient à dessiner son univers de la manière la plus subtile et intelligente qui soit (« Moi-Léger », « Le Bon Sens »), tout en instaurant un climat relativement tendu, onirique et mélancolique sur la plupart des morceaux.

Karkwa livre un quatrième album au ton peu définissable, à l’étiquette non identifiable : entre post rock, rock alternatif, folk et pop, le groupe québécois réussit un joli tour de passe-passe. Là où bon nombre de groupes francophones ont échoué avant lui, Karkwa déboule enfin en France sans complexe, avec un talent et un charisme troublants.


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