Intuition, Vol.2

Chronique

Y a-t-il un effet The Revenant chez les musiciens électroniques ? Alors que Molécule est parti enregistrer son dernier disque au Groenland, le producteur français NSDOS a choisi l’Alaska pour son dernier projet, Intuition, dont il nous avait livré un premier volume en 2017. Ce second disque est en fait indissociable, puisque issu de la même matière première, les forêts, les ruisseaux, les glaciers ou la banquise de l’Etat le plus septentrional des USA. “L’idée était de chercher un lieu post-apocalyptique, assez primitif et futuriste en même temps, comme un début de monde, un lieu en train de se créer”, explique-t-il. Dans ses bagages, des boîtes à rythme et synthétiseurs, mais surtout des capteurs pour enregistrer “l’invisible”, les sons de cette vie sauvage, qu’il retraite ensuite avec ses algorithmes perso (NSDOS a aussi un background de hacker). L’album prend la forme d’un question/réponse avec la nature, cristallisé sur le titre Interaction, un dialogue expérimental avec une violoncelliste enregistré sur un glacier en binaural (à écouter avec un bon casque), une technique qui permet de restituer les sons en trois dimensions. Une vraie expérience sensorielle, et la démocratisation du procédé pourrait radicalement changer l’approche de la production musicale dans les prochaines années. Forcément, à côté d’Interaction, les autres titres (le beat cassé de Motivation ou Hybridation, joute amicale entre basses et aigus) paraissent plus “ordinaires”, si l’on ose dire. Car NSDOS n’a jamais vraiment aimé arpenter les sentiers déjà battus. Comme il le dit lui-même, “ça s’inscrit dans de la techno, mais pour moi, ça va beaucoup plus loin. On retrouve dans ces morceaux quelque chose d’ésotérique”. © Smaël Bouaici/Qobuz