Dans Les Faux Puits Rouges Et Gris

Chronique

Les Little Rabbits prouvent avec ce premier album leur évident potentiel et leur singularité. Au programme : une pop à l’apparence naïve, à la limite du country, et du jem’enfoutisme assumé. Un comble dans l’hexagone alors que le reste de la production française durcit le ton en se prenant au sérieux.



 



C’est un subtil mélange que réserve cette première sortie avec des influences évidentes du côté des groupes anglo-saxons tout en alliant la simplicité et l’authenticité de la Vendée. En 3 ans, et sans plan de carrière spécifique, les Little Rabbits ont fait la tournée des plages dans un combi Wolkswagen, joué au festival local de Poupet, puis été contactés par Emmanuel Tellier (Inrockuptibles) pour participer à la compilation Contresens en compagnie de leur ami Katerine. C’est donc véritablement l’album de la consécration. Avec une majorité de titres chantés en anglais et très vite médiatisé par Bernard Lenoir (France Inter), les Rabbits se retrouvent malgré eux à la tête de la pop français insouciante.



 



Après réécoute, le disque n’a pas pris une ride et on sent que les musiciens ne se prennent pas au sérieux. Le style n’est pas novateur, mais sonne anachronique et décalé. Le titre phare « Dans les faux puits rouges et gris » est co-écrit avec Katerine. Il s’agit d’une fausse comptine sur les nains de jardins qui renforce l’esprit enfantin de l’album. Le reste de la playlist crée un véritable univers : voix étouffées et à l’unisson, paroles répétitives, accords pop et batterie simpliste avec une prédominance de la caisse claire. Les cadences sont marqués (pour exemple : « The days she cries ») et l’harmonica donne un l’ensemble un faux air de feux de camp. Le titre « Bad days » sort du lot en proposant un chant-écho à la limite du crooner anglais et un rythme s’accélérant. C’est l’un des signes annonciateurs de leur futur virage rock. Une orientation que l’on peut ressentir également dans « Non c'e domani », un titre en référence aux origines italiennes du chanteur, qui offre un orgue grinçant et déjanté.



 



Enfin, « La Mer », une chanson de The Jazz Butcher, marque les esprits. Sur un ton léger, cette traduction française approximative narre la difficulté qu’ont les éléphants en vacances à la plage. Si le public hisse rapidement ce titre comme l’hymne incontesté du groupe, rapidement relayé par les soirées hypes, c’est dans la plus grande incompréhension du groupe. Enregistrée sur un simple coup de tête, la reprise ne sera plus jamais jouée sur scène afin de s’affranchir définitivement de la rumeur qui les appelle désormais « les gentils petits lapins ».

 



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