Brave Enough

Chronique

Crooner britannique installé à Montréal, Mark Kingswood s'est fait remarquer par un premier album au swing opulent, Strong (2019), dans lequel il signait la plupart des compositions avec son collaborateur Mark Niedzwiedz, mis à part deux reprises de R.E.M. (« Losing My Religion ») et George Michael (« One More Try »). Un an après, le tandem est de retour avec Brave Enough, un solide ouvrage gonflé par les cordes et les cuivres d'un rutilant big band.

Sur les quatorze pistes que compte la luxueuse production, le compositeur, chanteur imprime à nouveau sa marque dans le même style à contre-courant des modes : un jazz nourri au swing des grands orchestres, résolument rétro, trop kitsch diront certains, rempli de déférence envers les maîtres du genre Frank Sinatra, Tony Bennett, ou son compatriote John Barry pour les rappels à l'univers de la saga James Bond. Toutefois, c'est par une reprise de « Tainted Love », une douceur soul transformée par Soft Cell en tube new wave de 1981 et ici en tribut à la grâce de Marc Almond, que démarre Brave Enough, qui enchaîne ensuite les compositions originales.

Au morceau-titre monumental dans lequel Mark Kingswood fait valoir son timbre de velours, succèdent un alliage assez effrayant de variété latine et de guitare rock bavarde titré « Spanish Tattoo ». Cette dette aux années 1980, dans ce qu'elles avaient de plus laid, est suivie de la ballade au piano « Alone Together » et d'une autre plage romantique bercée d'arpèges acoustiques et de choeurs, « No More Crazy ».

Le swing cuivré, tel que délivré dans « Original », malgré l'usage embarrassant de formules toutes faites (« Monkey see, monkey do »), est encore la meilleure option pour le chanteur, dont la connaissance et la maîtrise des arrangements le conduit à varier les plaisirs dans « Everybody Wants the Moon » (ballade pop-soul tranquille), « Road to Lonely » (sortie exotique en décapotable), « Little Joe's » (numéro de charmeur américain), « Pretend a Little Longer » (berceuse timide et compassée) ou le banal « Dream On », avant de fermer boutique. L'ensemble, assez lourd à digérer, ne ménage pas ses effets pour attirer les amateurs.

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