Bijoux d'amour

Chronique

Après deux EP remarqués, Mou sort un premier album qui débute puissamment, par un pamphlet où il revendique pleinement son statut d’artiste indépendant. Dans Victoires de la musique, il prévient sa mère : non, elle ne le verra pas aux Victoires de la musique (« Maman je n’irai pas aux Victoires tu ne m’y verras pas, éteins la télé, vite. ») ! Dans les autres morceaux de Bijoux d’amour, ce Nantais d'adoption évoque le plus souvent la banalité de son quotidien (les Croissants de sa boulangère, la rencontre amoureuse dans Cha-cha et Chemise, une virée en Ford Fiesta…), qu’il s’empresse d’installer dans un décor décalé. Quelque part entre le rap et la chanson française, Mou aime également s’amuser avec l’idée de nonchalance, certains de ses morceaux étant même sculptés à la gloire de la fainéantise. Une chanson comme Sous ma couverture l’érige en Alexandre Le Bienheureux des temps modernes. Cette passivité assumée fait de Mou un amateur invétéré de fantasmes, comme celui qu’il porte pour Sophie Marceau : la chanson qui porte le nom de l’actrice est une drague lourde au second degré, dans laquelle il ose tout (« Sophie Marceau, est-ce que ça boume ? »). Planant et absurde, cet album range cet artiste pourtant inclassable dans la famille de Brigitte Fontaine et Philippe Katerine, mais aussi, pourquoi pas, de Pierre Vassiliu. ©Nicolas Magenham/Qobuz