Al Viento

Chronique

Une guitare flamenca et un violoncelle. Un père et son fils. Paru en 2011, Barlande était pourtant tout, sauf un traité de pathos de seconde zone. De la lave musicale, plutôt. Le feu du flamenco de Pedro Soler embarqué dans les quatre cordes tendues de Gaspar Claus, loin des clichés, loin des idées reçues. Enregistrée sous la houlette de Bryce Dessner, guitariste de The National, la discussion entre les deux hommes était colorée, puissante, posée ou furieuse. Un duo atypique pour un disque hypnotique et Qobuzissime. Cinq ans plus tard surgit ce second rendez-vous discographique ébauché en Islande au studio Greenhouse avec Valgeir Sigurösson, puis bouclé en Espagne avec Didier Richard. Pedro Soler et Gaspar Claus convient à cette grande fiesta sanglante baptisée Al Viento le chanteur Matt Elliot à venir psalmodier sur un titre tandis que l’ancien guitariste de Noir désir, Serge Teyssot-Gay, y remet discrètement une couche de textures ombrageuses et de distorsions radioactives entre les lignes stridentes, les dissonances, percussions et glissandi vertigineux que le violoncelliste tire de son instrument hanté par les voix des plus impressionnants cantaores. A l’arrivée, voilà une glaise folklorique et traditionnel pétrie en compositions encore plus furieuses et coupantes que Barlande ne le laissait entrevoir. Rarement dialogue artistique entre père et fils n’avait été aussi puissant. © MZ/Qobuz