En Hi-Fi, comme dans bien des domaines, un appareil peut porter une simple, et plus ou moins banale référence ou recevoir un nom de baptême plus évocateur visant à susciter l'envie. C'est ainsi que le convertisseur Cambridge Audio DACMagic Plus porte en lui à la fois la poésie et le mystère de la magie, celle-ci n'étant pourtant qu'une illusion que l'art du magicien parvient à nous faire prendre pour la réalité.

A proprement parler, le DACMagic Plus de Cambridge Audio n'est pas une nouveauté, mais comme de nombreux appareils de la marque, sa durée de vie restant liée à la pertinence de sa technologie étant peu entamée, il n'est donc pas incongru d'en publier un banc d'essai encore aujourd'hui.

Cependant, de manière générale, sur ce marché de la Hi-Fi où le renouvellement des gammes a souvent valeur de loi, les convertisseurs numérique analogique et autres lecteurs réseau semblent (pour le moment ?) encore épargnés.

Faut-il y voir un signe précoce de maturité de ce marché jeune, ou alors faut-il y voir une limitation par la taille de celui-ci de la liberté d'action des constructeurs ? Cette liberté ne serait-elle pas même limitée par les options technologiques "raisonnables" qui s'offrent aux constructeurs, faute de devenir des apprentis sorciers de l'audio numérique ?

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C’est ainsi que le DACMagic, après avoir passé plusieurs années au catalogue de Cambridge Audio, s’est vu remplacé par le DACMagic Plus qui comporte quelques changements par rapport à son prédécesseur.

Un changement qui se remarque au premier coup d’œil, c’est la présence d’une prise casque et d’un réglage de volume, permettant également à cet appareil de sortir un signal analogique à niveau variable et donc d’être branché directement à un amplificateur de puissance sans préamplificateur.

La façade arbore également une indication «Upsampling 24/384» pour indiquer que tous les signaux entrants seront transformés en interne en signaux 24 bits à 384 kHz selon le «New Anagram Technologies ATF2™ 24-bit/384kHz audio up-sampling / jitter reduction».

Pour simplifier, et en français, il s’agit du nouveau procédé Anagram Technologies ATF2™ qui «rehausse tous les signaux en 24 bits à 384 kHz, avec pour effet de réduire la gigue». Le DACMagic bénéficiait quant à lui de la première génération ATF rehaussant les signaux numériques en 24 bits à 192 kHz.

Vous comprenez maintenant pourquoi nous évoquions précédemment des options technologiques "raisonnables", car en matière de traitement des signaux numériques dans un convertisseur numérique analogique, un constructeur peut choisir de traiter ceux-ci en natif de l’entrée à la sortie, ou choisir un processus de transformation du format natif, quel qu’il soit, en un format sur un nombre de bits plus élevé à une fréquence d’échantillonnage la plus haute possible, ceci afin d’offrir des performances chiffrées et musicales supérieures, ou tout du moins censées l'être pour ces dernières.

C’est donc cette option qu’a choisie Cambridge Audio pour le DACMagic Plus avec l’ATF2™ 24-bit/384kHz audio up-sampling / jitter reduction.

Partons maintenant à la découverte du DACMagic Plus.

Présentation

Comme tous les appareils de la marque, le Cambridge Audio DACMagic Plus se présente de manière classique, sobre, plutôt consensuelle et de bon goût, avec une façade en aluminium massif de forte épaisseur, anodisée brossée naturel ou noir, le reste du boîtier étant de la même couleur que la façade.

En partant de la gauche de la façade, on trouve un véritable interrupteur marche/arrêt, le bouton de sélection cyclique de source avec indication par LED juste à sa droite. Viennent ensuite le bouton de volume, un poussoir permettant de sélectionner l'un des trois filtres agissant sur le signal (à phase linéaire, à phase minimum et filtre fort), dont on choisira à l'écoute celui que l'on préfère. Ce même bouton, maintenu enfoncé deux secondes, permet d'inverser la phase du signal, la LED bleue jouxtant ce poussoir s'illuminant alors. La fréquence d'échantillonnage du signal entrant est indiquée par l'une des cinq autres LED situées à gauche de la prise casque au standard Jack 6,35 mm.

La connectique

Le Cambridge DACMagic Plus est particulièrement bien doté en connectique, aussi bien numérique qu'analogique. Il dispose d'une entrée USB B à laquelle est associé un petit inverseur à glissière qui peut raccorder directement sa masse à celle de l'ordinateur relié en USB (position "Ground", à utiliser par défaut), ou "filtrer" la masse de l'ordinateur au cas où l'on remarquerait un bourdonnement sonore (position "Lift").

Son entrée USB A permet le branchement d'accessoires Cambridge compatibles, comme l'adaptateur Bluetooth BT100 permettant des restitutions de grande qualité et même en qualité CD stéréo depuis un appareil mobile, une tablette ou un ordinateur, sans nécessité de liaison WiFi grâce à sa compatibilité A2DP et aptX. Cela permettra donc aux amateurs disposant d'un abonnement illimité Qobuz d'écouter via cette liaison Bluetooth puisque les applications Qobuz pour mobiles sont compatibles avec celle-ci.

Cette fonctionnalité permet au DACMagic Plus de se transformer en streamer "sans fil" sans nécessité d'être en réseau, le streaming étant toutefois limité aux fichiers en 16 bits à 44,1 kHz.

Deux entrées numériques coaxiales et deux optiques, groupées par paire coaxiale-optique ne représentant qu'une entrée sélectionnable, ornent également la face arrière. Elles ne peuvent être utilisées simultanément sur la même entrée.

Les deux sorties numériques, coaxiale et optique, permettent de récupérer "nativement", donc sans aucune transformation, le signal de l'entrée sélectionnée, afin de l'enregistrer par exemple.

Les signaux analogiques sont disponibles sur prise Cinch dorées en mode asymétrique (liaison normale par cordon de modulation), et en mode symétrique sur prises XLR, standard utilisé par les professionnels pour sa robustesse aux perturbations pouvant exister dans l'environnement, et censé, en Hi-Fi, procurer de meilleurs résultats sonores.

La fabrication

Le châssis du DACMagic Plus est réalisé en tôle d'acier, peinte de la couleur de la façade. Il se compose de deux demi-coques vissées de l'intérieur sur la façade, présente une très bonne rigidité et repose sur quatre pieds ronds en caoutchouc dur.

L'intérieur du DACMagic Plus est entièrement occupé par un circuit sur lequel prend place toute l'électronique, hormis les poussoirs et les LED témoins, installées sur un circuit parallèle à la façade, ainsi que le bloc secteur délivrant une tension de 12V continu avec un courant de 2A (les as du fer à souder pourront donc prévoir d'alimenter cet appareil par une batterie 12V, après la période de garantie, bien sûr !).

Un petit circuit relié par deux nappes de fils à la carte principale accueille l'interface permettant de brancher le récepteur Bluetooth BT100.

Les interfaces numériques

On remarque au niveau de l'interface USB un circuit "transceiver" (transmetteur-récepteur) SMCS USB3320 ainsi qu'un processeur XMos.

Les signaux numériques provenant soit de l'entrée USB ou des entrées S/PDIF sont interfacés et commutés par un circuit Cirrus Logic CS8416.

Ces signaux sont convertis, quelle que soit leur fréquence d'entrée et leur nombre de bits, en un signal numérique sur 24 bits à 384 kHz par un processeur numérique de signal Analog Devices ADSP21261 leur appliquant l'algorithme ATF2 et intègre également les trois filtre dont dispose le DACMagic Plus et dont le choix reste à la préférence de l'utilisateur.

La conversion numérique analogique et le filtrage

Chaque voie audio utilise dans le DACMagic Plus son propre convertisseur numérique analogique Wolfson WM8740 utilisé en mode différentiel (une sortie varie en croissant tandis que l'autre varie identiquement en décroissant). Le filtre numérique interne du WM8740 est désactivé afin de pouvoir traiter les signaux 24 bits à 384 kHz issus de l'ADSP21261.

Chaque signal différentiel, soit quatre au total, passe ensuite dans un filtre actif construit autour d'un amplificateur opérationnel à faible bruit Texas Instruments NE5532, de condensateurs à couche plastique et de résistance de précision.

Ainsi filtrés, la différence de ces signaux croissant et décroissant de chaque voie est effectuée par un double amplificateur opérationnel Analog Devices OP275 monté en amplificateur différentiel, cette différence subissant une inversion de phase afin de créer le signal négatif de la sortie symétrique, le signal positif étant le même que celui de la sortie asymétrique.

L'amplificateur pour casque

Celui-ci est conçu de manière classique avec un amplificateur opérationnel NE5532 pilotant un double étage push-pull composés de transistors complémentaires BC327 et BC337.

A l'écoute

Vous ne serez pas surpris que vous dise que je ne suis pas un fan de la conversion de taux d'échantillonnage, et de plus aussi je je reconnais bien volontiers que je suis un pinailleur.

Des quelques DAC que j'ai pu tester et qui utilisaient cette technique, il a toujours existé une différence auditive, parfois flagrante, d'autres fois moins évidente, il faut l'avouer, entre la restitution en format natif d'un fichier 16 bits à 44,1 kHz et celle obtenue après intervention d'un convertisseur de taux d'échantillonnage et je pouvais donc légitimement me questionner quant aux résultats sonores qu’allait délivrer le DACMagic Plus.

Quelques minutes d'écoute de La Scène au bord du ruisseau, le second mouvement de la Symphonie Pastorale, dans l'interprétation de Bruno Weil dirigeant l'ensemble TafelMusik Orchestra avec le filtre réglé sur phase linéaire, me laissent dubitatifs. La restitution est agréable, certes, mais paraît un peu artificielle, surtout avec les instruments jouant haut, comme les violons qui, là, ne sonnent pas vraiment comme sont censées sonner les violons à l’ancienne de TafelMusik.

Avec le filtre en position phase minimum, c’est déjà mieux, moins artificiel, mais en passant en filtre à front raide, je retrouve quasiment la restitution de ce morceau telle que je la connais avec mon équipement habituel, et dont les timbres m’ont toujours paru réalistes, ce qui me satisfait beaucoup plus à tous points de vue.

Je tiens à préciser que j’ai écouté le DACMagic Plus raccordé directement à mes enceintes actives personnelles. J’ai utilisé les sorties asymétriques configurées en niveau variable branchées sur un transformateur symétriseur Lundahl dont les secondaires attaquent les étages d’entrée des enceintes. On peut difficilement faire trajet plus direct entre la source et les enceintes, et les fichiers audio ont été lus par Foobar2000 en mode Kernel Streaming sur un EEE6 PC en liaison USB Audio 2 avec le DACMagic Plus.

Effectivement, le filtre à front raide a pour effet de filtrer énergiquement à partir de 22 kHz, donc de rétablir des conditions de bande passante comparables à celles du CD avant que le signal natif ne subisse une cure 24 bits à 384 kHz, générant peut-être, et même probablement si j’en crois mes oreilles, des harmoniques n’existant pas à l’origine et modifiant le timbre de certains instruments.

Dans ces conditions de filtrage, la restitution de La Scène au bord du ruisseau se montre chantante à souhait, restituant la beauté de chaque ligne mélodique avec une image sonore ample et empreinte de cette plénitude bucolique que ressentit Beethoven allant par la Nature dont les beautés, les colères et la vie simple en son sein lui inspirèrent la Symphonie Pastorale.

A contrario, à l'écoute de l'album Caméléon de Shy'm ou encore du Live At Wenbley Stadium de Queen, c'est avec le filtre en mode phase minimum ou phase linéaire que les résultats sonores semblent les plus gratifiants, avec la voix de la chanteuse ou de Freddie Mercury plus précise, une meilleure assise et une plus grande aération du message sonore.

Les essais en liaison Bluetooth avec la clé USB optionnelle BT100 sur notre système Qobuz composé d'un amplificateur Micromega AS-400 et d'enceintes Focal Electra 1028Be, et disposant d'un iPhone 4S avec l'application Qobuz mobile, confirment les excellentes qualités sonores du codage aptX que nous avions testé par ailleurs et cette liaison peut être considérée comme une entrée à part entière.

Nous dirons pour conclure qu'en faisant usage de la technique de conversion de taux d'échantillonnage, et à condition de bien choisir en fonction de la musique qu'on écoute l'un des trois filtres dont il est équipé, que le convertisseur numérique analogique DACMagic Plus de Cambridge Audio parvient à faire croire avec un certain art que l'illusion est plus belle que la réalité. Si telle est votre quête, cet appareil devrait parfaitement vous convenir, d'autant que son prix n'a rien d’excessif.

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