Le retour du chef canadien Yannick Nezet-Séguin au Philharmonique de Berlin est toujours un petit événement : il apporte à chaque collaboration sa tranquille incandescence et sa sincère musicalité, à mille lieues de l'effet bling-bling qu'affectionnent bien de jeunes stars un peu creuses...

Pour commencer le concert - retransmis le samedi 22 mars en direct dans la Salle de concerts numérique du Philharmonique de Berlin -, ce n'est pas l'un de ces mille-fois-ressassés grands concertos romantiques qui a été choisi, mais le bien plus rare concerto pour flûte de Carl Reinecke - un compositeur moult négligé dont la postérité n'a retenu, en vérité, qu'une Sonate pour flûte, ainsi que sa certes glorieuse position de Directeur musical du Gewandhaus de Leipzig entre 1860 et 95. Le concerto date de 1908, deux ans avant sa mort en 1910, mais on y chercherait en vain l'influence des compositeurs les plus modernes d'alors - Richard Strauss, Mahler, Debussy, Wagner - là où Reinecke reste délibérément dans un ton hérité de Brahms, voire de Schumann, Grieg ou même parfois Mendelssohn. Il convient de préciser que Reinecke étudia avec Schumann et Mendelssohn à Leipzig ; c'est donc résolument un homme du XIXe siècle. Honneur aux musiciens du Philharmonique de Berlin : c'est à l'un des deux Premiers flûtistes solos qu'est confiée de la partie soliste du concerto, Andreas Blau.

Après une pause bien méritée, Yannick Nézet-Séguin abordera la Quatrième Symphonie de Mahler, sans aucun doute la plus "tranquille", quasiment chambriste, retenue, pastorale parmi les neuf 1/2 symphonies du compositeur... La moins tragique aussi, voire même la plus gaie, avec son doux finale que précède déjà un troisième mouvement des plus calmes. C'est, disons, le calme avant la tempête, avant le cataclysme même, des cinq symphonies suivantes. La partie de soprano du dernier mouvement sera chantée par l'Allemande Christine Karg, que sa tout jeune carrière a déjà mené sur les plus grandes scènes mondiales et en solo avec bien de prestigieux orchestres : Vienne, Munich, Salzbourg, Dresden... Un programme juvénile avec de jeunes artistes - rappelons au passage que le Philharmonique de Berlin lui-même est un orchestre dont une forte majorité de musiciens n'a pas la quarantaine, plus rien à voir avec les doctes et barbus anciens que l'on imagine des époques révolues.

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Mahler 4 Nézet-Séguin par marcusmarcus