Chose hélas bien rare dans la planète musicale, les décisions artistiques sont toutes prises par le collectif des musiciens, en particulier le choix des programmes, des solistes et surtout des chefs. Pour son concert annuel à la Philharmonie de Berlin, le choix en question s'est porté sur le Britannique Stefan Asbury pour la baguette, le cocorico Renaud Capuçon pour le violon solo, et un programme éclectique rassemblant des œuvres moins connues de la planète symphonique Schreker, Schumann et Chostakovitch. Comment ça, Schumann et Chostakovitch moins connus ?
Eux, non, mais leur deux ouvrages ici présentés ne font vraiment pas partie du grand répertoire habituel. Le Concerto pour violon est considéré, par les censeurs autoproclamés, comme un ratage de fin de carrière, un long moment de musique qui tourne en rond sans jamais décoller : en réalité il échoit au chef et au soliste de dégager la vérité profonde cachée dans le concerto. Quant à la Quatrième de Chostakovitch, elle reste la moins jouée de ses symphonies, peut-être de par ses dimensions, mais peut-être aussi en écho à a crainte qu'éprouvait le compositeur lui-même à la rendre publique - en réalité il la garda dans un tiroir pendant un quart de siècle avant d'oser la livrer aux auditeurs, l'ayant précipitamment retirée de l'affiche trois jours avant sa création prévue. Gageons que le jeune orchestre saura lui insuffler sa fougue et sa spontanéité.
En guise d'ouverture, le prélude de l'opéra Die Gezeichneten (Les Stigmatisés) de Franz Schreker, un richissime feu d'artifice postromantique achevé en 1915.
Tout ceci est à déguster dans la Salle de concerts numériques, naturellement...
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