« Aucun autre compositeur mieux que Bruckner », précise Herbert Blomstedt (* 1927), « ne sait dépeindre l’infinité du temps et de l’espace en musique. Les crescendi bruckneriens sont célèbres. La longue montée en puissance dure parfois plusieurs minutes. Dès le début, il faut savoir où se situera l’arrivée. La tension ne doit jamais faiblir en cours de route, et on ne peut pas non plus croître en émotion, en volume et en intensité trop tôt. Lorsque l’on structure la musique de Bruckner, il faut toujours garder des réserves. Pour cela il faut de la patience, une qualité qui se perd de nos jours… » Il faut dire que les interprétations de Blomstedt sont d’une exceptionnelle transparence et d’une immense richesse de détails, et sa capacité à tirer de longs arcs au-dessus des amples discours brucknérien fait les délices des orchestres et du public.
La Huitième symphonie, la plus monumentale des neuf, « est la création d’un géant », disait Hugo Wolf, « et en termes de dimension spirituelle, d’ampleur et de volume, elle dépasse toutes les autres symphonies écrites par le maître. » Sans nul doute ce premier concert de l’année 2015 saura-t-il apporter au Philharmonique de Berlin un souffle d’immensité et de grandeur, sous la baguette du vieux routier qu’est Herbert Blomstedt. A ceux qui s’étonneront qu’un Adventiste du Septième Jour comme Blomstedt accepte de donner des concerts le vendredi soir et le samedi (normalement réservés au sabbat), on précisera que le maestro considère les concerts comme une expression de sa dévotion religieuse et non comme du travail !
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