Malgré la grève massive dans l’audiovisuel public, les Victoires 2008 ont bien eu lieu, célébrant David Greilsammer, Jean-Guihen Queyras, Accentus, Thomas Dolié, Philippe Jaroussky, Rolando Villazón et quelques autres.

Mercredi 13 février, Toulouse a accueilli les Victoires de la Musique Classique 2008. La Ville rose s'était mise aux couleurs de la musique russe en recevant cette quinzième édition qui a tenté d'élargir son audience avec quelques stars, sur fond de mobilisation massive concernant l'avenir de l'audiovisuel public et de la culture. La principale émission de musique classique à la télévision était animée par Marie Drucker et Frédéric Lodéon et diffusée sur France 3 et France Inter en direct.

Face à la grève très suivie mercredi sur l'audiovisuel public en raison du projet de suppression de la publicité, l'émission a pu être maintenue grâce au recours à des moyens techniques privés, selon les organisateurs.

Par la voix de l'un de ses musiciens, l'Orchestre national du Capitole de Toulouse (l'accompagnateur de la soirée, qui a reçu une Victoire d'honneur) a exprimé sa solidarité avec les salariés de l'audiovisuel public, qui doit avoir « des moyens pour la création ». La soirée, à la Halle aux Grains, résidence de l'Orchestre du Capitole, a conservé sa tonalité politique quand ce musicien a dénoncé l'annonce d'une « diminution » du budget de plusieurs « orchestres, maisons d'opéras et d'un certain nombre de structures culturelles », ce qu'il a jugé « pas digne d'un pays qui entend mener une politique de civilisation ».

Côté palmarès, le plus grand concert classique de l'année a une nouvelle fois honoré sa mission de tremplin sans équivalent pour de jeunes talents, même si l'audience de l'émission est passée sous la barre des deux millions de téléspectateurs (1,9) en 2007.

Le pianiste franco-américain d'origine israélienne David Greilsammer a été élu par le public « Révélation soliste instrumental de l'année ».

Le même jury populaire a sacré le baryton Thomas Dolié « Révélation artiste lyrique ».

Le contre-ténor Philippe Jaroussky a confirmé que les Victoires lui réussissent puisqu'il a été primé dans la catégorie enregistrement (album Carestini), après avoir été sacré révélation (2004) puis artiste lyrique de l'année (2007). Mais le chanteur, qui fêtait ses 30 ans mercredi, n'était pas là pour recevoir son trophée.

Autre absent de taille, le ténor franco-mexicain Rolando Villazón, sacré « Artiste lyrique de l'année » alors qu'il a passé quatre mois à l'écart des scènes, fin 2007, en raison d'un surmenage vocal.

Le violoncelliste Jean-Guihen Queyras a été fait « Soliste instrumental de l'année », et Jeanne d'Arc au bûcher, avec la comédienne Sylvie Testud en récitante, a été désigné « Meilleur DVD ».

Pour le reste, le palmarès a emprunté des chemins connus. Eric Tanguy a reçu la « Victoire du meilleur compositeur », comme en 2004.

Après 2002 et 2005, le chœur de chambre Accentus de Laurence Equilbey a, pour sa part, obtenu sa troisième couronne au titre de l'« Ensemble de l'année ».

La soirée avait pour fil rouge la musique russe. Le jeune chef de la formation toulousaine, Tugan Sokhiev, originaire d'Ossétie du Nord, joua Glinka et accompagna la prodige du violon, l’Allemande Julia Fischer, dans Tchaïkovski.

Deux autres Russes ont été distingués: le « Violoncelliste du siècle » Mstislav Rostropovitch, grand disparu de l'année auquel un hommage a été rendu, et le pianiste Evgeny Kissin, qui a reçu une « Victoire d'honneur ».

Le site officiel des Victoires de la Musique Classique

Retrouvez notre interview podcast de Frédéric Lodéon, maître de cérémonie des Victoires de la Musique Classique