Après Madonna, l’organisateur de concerts américain signe un contrat de douze ans avec U2 sur la gestion des concerts, des produits dérivés et du site internet du quartet irlandais. Ou quand le monde de la musique vivante supplante celui des majors du disque…

Le groupe U2 et l'organisateur de concerts américain Live Nation ont conclu un accord de principe pour un contrat de douze ans sur la gestion des concerts, des produits dérivés et du site internet de la formation musicale irlandaise dont les quatre membres, Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr., seront à l'orée de la soixantaine lorsqu'expirera cet accord en 2020.

Live Nation avait créé l'événement en octobre dernier en annonçant un contrat global sans précédent de dix ans avec Madonna, estimé à 120 millions de dollars et qui portait sur toutes les activités artistiques de la star.

Aucun détail financier n'a été donné sur le contrat entre Live Nation et U2, qui n'inclut pas les droits de publication des enregistrements du groupe, détenus par Universal.

Dans son édition du 12 mars, Le Monde avait longuement évoqué comment le géant américain Live Nation était en train de bousculer les organisateurs de spectacle en France. La société Jackie Lombard Productions (qui organise les concerts de Madonna, des Rolling Stones et de Barbra Streisand en France) a été rachetée en janvier par le géant mondial de l'organisation et la promotion de concerts. Depuis, le secteur guette les répercussions de cette arrivée en France du groupe californien sur les nombreux tourneurs indépendants. Coté à Wall Street, expliquait le quotidien, Live Nation a quitté le giron du groupe américain d'affichage publicitaire Clear Channel depuis 2005, et produit les tournées de U2, Coldplay ou de Police. En 2006, Live Nation a organisé 26 000 concerts dans dix-huit pays. Son seul vrai concurrent mondial est AEG Live.

Face aux convulsions économiques du monde musical, écrivait Le Monde, le PDG de Live Nation, Michael Rapino, est arrivé à la conclusion qu'il ne pouvait se contenter des concerts pour continuer à grandir. D'où une boulimie d'acquisitions, depuis les organisations de tournées jusqu'à la gestion de lieux de concerts (170 dans le monde, dont le Fillmore à San Francisco, le réseau américain House of Blues, la Wembley Arena à Londres...), en passant par les ventes de billets, de tee-shirts ou l'édition de sites internet de fans. Live Nation a même mis un pied dans la production de disques (domaine jusqu'alors réservé aux maisons de production) depuis l'arrivée spectaculaire de Madonna.

L’article du Monde explique que Live Nation applique ainsi à la lettre la stratégie-reine dans la musique aujourd'hui, baptisée « 360° ». Mais alors que le chiffre d'affaires de la société a décollé, de 2,4 milliards de dollars en 2002 à 4,2 milliards en 2007, ses résultats restent dans le rouge (- 11,9 millions de dollars). À l'inverse, conséquence directe de la crise du disque et de la meilleure santé de la musique live, les producteurs de spectacles deviennent des investissements de choix pour les majors de la musique, comme en témoigne le rachat d'Arachnée Productions par Sony-BMG ou encore de la société de Jean-Claude Camus (le tourneur de Johnny Hallyday) par Warner.

Jules Frutos, cogérant d'Alias (producteur des spectacles de Cure ou Jamiroquai) et du Bataclan (salle de concert à Paris) explique au Monde : « Il y a de fortes chances pour que Live Nation tente d'acheter toutes les salles de concert en France qui seront à vendre. » Également président du Syndicat national des producteurs, diffuseurs et salles de spectacles (Prodiss), il estime que l'arrivée de Live Nation en France « remodèlera sans doute le paysage, quitte à ce qu'il y ait un peu de casse ».

Le site officiel de Live Nation

Le site officiel de Live Nation France

Le site officiel de U2