Après le report annoncé de la réouverture du légendaire théâtre lyrique de Buenos Aires, retour sur l’avancée des travaux…

Le Teatro Colón de Buenos Aires restera fermé cette année pour son centenaire, faute d'avoir pu terminer à temps d'importants travaux de rénovation, dont la fin est désormais renvoyée à 2010, selon l’AFP.

Fermé en 2006, le Colón devait rouvrir cette année en produisant Aïda, opéra donné le 25 mai 1908, jour de son inauguration. Mais des problèmes de financement, entre autres, ont paralysé les travaux, même si quelques ouvriers travaillent encore sur certains chantiers. L'immense salle, où la scène monte jusqu'à 48 mètres de haut, est aujourd'hui envahie d'échafaudages en attendant de retrouver ses quelque 2.500 fauteuils et son public.

« Beaucoup a déjà été fait mais ça ne se voit pas, comme par exemple l'électricité ou toute la machinerie théâtrale », assure à l'AFP Sonia Terreno, coordinatrice des travaux de rénovation. Lors d'une conférence de presse la semaine dernière, le maire de Buenos Aires, Mauricio Macri, avait affirmé que seuls 30% des travaux avaient été réalisés depuis le lancement des opérations de rénovation en 2001 et après deux années de fermeture complète du théâtre.

« En réalité, ces 30% correspondaient à ce qui a déjà été financé, mais beaucoup plus a été réalisé », assure de son côté Sonia Terreno. Sur un total de 45 chantiers définis, « 30 ont déjà été conclus, sept sont terminés à 98%, cinq sont en cours d'exécution et trois sont encore au stade de l'appel d'offres », affirme la coordinatrice des travaux.

De plus, toujours selon l’AFP, la volonté de restituer le Colón dans sa version 1908 prend beaucoup de temps. Il a fallu par exemple mettre à l'horizontale le plancher incliné de la salle pour monter les échafaudages, ou dégager « dix couches de peinture avant de retrouver la couleur originale », ajoute-t-elle. Et il faut aussi beaucoup d'argent. Le budget initial a d'ores et déjà été largement dépassé, mais le directeur actuel du Teatro Colón, Horacio Sanguinetti, en fonctions depuis l'élection du nouveau maire, se montre plutôt confiant.

« L'argent sera là », a-t-il assuré dans un entretien avec l'AFP, même si la facture finale atteindra au moins 80 millions de dollars, soit largement plus du double de ce qui avait été envisagé. « Mais les dépassements sont habituels dans ce genre d'opérations, voyez ce qui s'est passé pour la Scala de Milan ou la Fenice de Venise », assure-t-il en toute sérénité.

Le nouveau directeur, ancien recteur du prestigieux Collège national de Buenos Aires, préfère s'intéresser aujourd'hui à la saison 2010, qu'il veut brillante avec Aïda en ouverture, mais aussi l'orchestre de la Scala de Milan avec à sa tête Daniel Barenboim. Le nouveau directeur veut aussi faire oublier que le Colón a aussi longtemps été le théâtre de conflits sociaux interminables, dont le dernier en date porte sur la mise à la retraite de 140 de ses employés. « Certains danseurs ont non seulement atteint les 70 ans, mais en plus, ils sont plus gros que moi ! », assure cet homme particulièrement corpulent. Faute d'avoir suffisamment cotisé, ces employés refusent de quitter leurs postes sans contrepartie. La ville a promis de prendre en charge leurs retraites et « le problème sera bientôt résolu », a affirmé Sanguinetti.

Le Colón a la particularité de ne rien sous-traiter et de fabriquer tous ses décors et costumes, ce qui lui vaut d'employer des dizaines d'artisans et d'ouvriers en plus des centaines de musiciens, choristes ou danseurs. Seule mesure d'économie de personnel, la nouvelle gestion a préféré se passer de directeur artistique. « Mais je pense connaître le sujet », assure Sanguinetti qui se décrit comme un « opéromane » et dont la première visite au Colón date des années 40 quand il a découvert tout enfant Rigoletto de Verdi.

Le site officiel du Teatro Colón