Un ancien violoniste professionnel, musicien averti et passionné de réalité virtuelle, a mixé les deux pour une nouvelle approche de la musique classique. Premier concert, ce soir, devant les élus de Laval.

Selon le quotidien Ouest France, les puristes auraient pu hurler au scandale. Quelques-uns auront sans doute du mal à avaler la pilule. Mais l'idée de Pascal Gautier semble bien passer auprès de plusieurs as du classique. Certains trouvent même cela «marrant». Et pourtant, lui, l'ancien violoniste professionnel, qui a joué sous les ordres de Rostropovitch ou Isaac Stern, envisage ni plus ni moins que de remplacer le chef d'orchestre par un... robot !

L'IRB 140 est, toujours selon Ouest France, un petit bras articulé (92 kg pour un mètre de haut tout de même), tout de blanc vêtu. Conçu par l'entreprise ABB, l'un des leaders mondiaux du secteur, il présente l'avantage de compter quatre axes de rotation. Idéal pour figurer les mouvements du bassin, de l'épaule, du coude et du poignet d'un chef d'orchestre. «Il ne manque que les phalanges», sourit Pascal Gautier.

Son idée, plutôt iconoclaste, lui est venue de la rencontre entre sa passion, la musique classique, et sa nouvelle profession, la réalité virtuelle. Évidemment, dans ce domaine, il pouvait difficilement mieux tomber qu'en Mayenne. «Avec tous les outils qui existent ici, c'est une véritable chance», admet le néo-Lavallois.

Alors, le bras constellé de capteurs, il lui a suffi d'accomplir les mouvements d'un chef d'orchestre devant une caméra optique. Pas n'importe comment. En fonction de la réécriture complète, instrument par instrument, de la musique électronique d'un DJ. Travail confié à Thomas Roussel, lui-même compositeur et violoniste.

Au final, l'IRB 140 dirigera un ensemble de trois violons, deux altos, un violoncelle et une contrebasse. Une répétition grandeur nature aura lieu mardi 15 janvier, devant les élus de l'agglomération. Avant un concert en public, pendant Laval Virtual, le festival de la réalité virtuelle, en avril.

«Le robot ne fera pas le véritable travail d'un chef, avertit Pascal Gautier dans Ouest France. Il ne pourra pas corriger un musicien qui dérape. Mais nous, nous allons vraiment nous caler sur ses indications.»

En arrière-plan, si l'on peut dire, une bande-son diffusera les basses de la partition. D'ailleurs, l'une des tâches les plus délicates a été d'aligner le moment où le robot fait sa levée de baguette et celui où cette bande-son démarre.

Pour le moment, Pascal Gautier en reste encore aux balbutiements. La technologie se rode. Mais il se prend à rêver. «Déjà, si on peut rapidement faire intervenir le robot sur plusieurs titres, ce serait super. Au final, l'idée serait de le faire jouer sur n'importe quel morceau.» Et de réussir à réconcilier le public jeune avec le classique : «Les jeunes, le robot, ça leur plaît bien.»