Avec "Shifting Sands" qu'il a enregistré avec Elchin Shirinov et Roni Kaspi, le contrebassiste israélien revient au trio piano/basse/batterie, formation dans laquelle il excelle au possible...

S’il a pu asseoir sa notoriété et agrandir progressivement le cercle de ses admirateurs en explorant au fil des années des formules orchestrales élargies et hybrides, ouvrant résolument leurs instrumentations et leurs références aux cultures musicales venues du monde entier (Aurora, Seven Seas, Two Roses), Avishai Cohen revient régulièrement aux fondamentaux du traditionnel trio piano/contrebasse/batterie qui lui valut à l’orée des années 2000 de faire une entrée fracassante dans le petit monde du jazz moderne. Initié avec Sam Barsh au piano et Mark Giuliana à la batterie, porté à un point d’équilibre quasi parfait avec Shai Maestro et Itamar Douari, l’orchestre a connu ces dernières années une grande instabilité dans sa composition, le contrebassiste israélien peinant visiblement à retrouver la cohésion organique au service de la mélodie qui faisait la force et l’originalité de son art du trio.

Avishai Cohen Trio - Shifting Sands Session - ARTE Concert

ARTE Concert

Si son nouvel album intitulé Shifting Sands se place d’emblée parmi les réussites majeures de sa discographie, c’est qu’Avishai Cohen, en associant aujourd’hui autour de sa contrebasse le pianiste Elchin Shirinov et la jeune prodige israélienne de la batterie Roni Kaspi, semble avoir enfin trouvé le tandem de partenaires qui lui manquait pour se remettre en jeu et offrir comme une seconde jeunesse à sa poétique. Car si l’on retrouve pour l’essentiel les éléments d’une grammaire désormais bien établie (pureté des lignes mélodiques, diversité des motifs rythmiques, précision maniaque des grooves), la façon vive, nerveuse, concentrée, profondément organique dont le trio s’en empare pour réellement en transfigurer les attendus gomme toutes les afféteries, facilités et autres mièvreries qui pouvaient parfois gâter quelques productions antérieures du contrebassiste. Il renoue ici avec l’urgence et le lyrisme d’une musique de la ligne claire, aux formes aussi précisément dessinées que volontairement simples, entièrement tournée vers la force émotionnelle du chant, l’énergie de la danse et une certaine forme de sensualité mélancolique qui vient apporter une indicible profondeur à cette démonstration de virtuosité.

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