Ultime volet de la “trilogie de trios” initiée par Trios: Chapel (avec Bill Frisell et Thomas Morgan) et poursuivie avec Trios: Ocean (en compagnie d’Anthony Wilson et Gerald Clayton) — Trios: Sacred Thread vient clôturer en beauté ce projet un peu fou appelé incontestablement à prendre une place sinon primordiale au moins à part dans la discographie pléthorique de Charles Lloyd, par la cohérence de son propos esthétique et la diversité de sa déclinaison stylistique.
Desolation Sound Concert Video
Charles LloydAccompagné cette fois du guitariste Julian Lage, extraordinaire tout du long de sobriété, de nuance et de concentration, mais surtout du percussionniste et vocaliste indien Zakir Hussain, habitué de ce genre de dialogues interculturels (cf. Sangam, enregistré pour ECM en 2006) et dont la contribution s’avère centrale dans les orientations prises par la musique tant sur le plan émotionnel que purement langagier, Lloyd s’engage une fois de plus ici sur des territoires très peu balisés, misant au-delà des codes propres aux genres conviés à fusionner, sur l’écoute et l’interaction pour générer un univers sonore commun de l’entrelacement de chemins singuliers.
Charles Lloyd discussing "Sacred Thread" on "First Look" with Don Was of Blue Note Records
Blue Note RecordsPlongeant les sonorités à la fois diaphanes et sensuelles de son saxophone et de sa flûte dans des atmosphères modales hybrides empruntant autant aux râgas indiens qu’au jazz et à l’Americana, Charles Lloyd invente au présent une musique profondément œcuménique de plus en plus libre et personnelle. A la fois tendre, onirique et méditatif, son chant fragile semble désormais se poser sur le monde à la manière d’une caresse bienveillante et fraternelle. Et c’est terriblement émouvant.
