Quasi-inconnu de ce côté de l’Atlantique, Don Cornelius qui vient de se suicider dans sa maison de Los Angeles à l’âge de 75 ans, était une véritable icône de la culture pop. En octobre 1971, ce journaliste originaire de Chicago, engagé très tôt dans le mouvement pour la reconnaissance des droits civiques, lance un show télévisé totalement inédit dans une Amérique qui s’englue dans le conflit vietnamien et n’arrive pas à intégrer sa communauté afro-américaine : Soul Train ! Une Amérique qui laisse peu de place dans ses medias à la culture de cette communauté et notamment à la plus populaire d’entre elle, la musique. Alors que Stevie Wonder, Marvin Gaye, James Brown, Aretha Franklin et autres Michael Jackson révolutionnent la soul music, Don Cornelius les accueille dans son émission, entourés de jeunes venus se déhancher en écoutant leurs idoles. Coupes afro, patte d’eph’ et platform shoes, Soul Train peut paraître amusant, génialement kitch avec le recul et un brin anecdotique mais fut un véritable phénomène de société. Un moyen surtout pour l’Amérique blanche de découvrir ces artistes hors pair… De sa voix grave, Don Cornelius anima durant plus de deux décennies cette grande célébration de la black music, évoluant au fil des modes, qu’elles soient soul, funk, disco et même rap. Pour Aretha Franklin, qui s'était régulièrement produite dans Soul Train, sa mort est « une perte monumentale et capitale pour la communauté afro-américaine et le monde entier ». Quincy Jones a fait part de la « profonde tristesse » que lui inspirait le décès soudain d'un ami, d'un collègue et d'un partenaire en affaires… Sur son compte Twitter, l'ex-basketteur Magic Johnson, star de la NBA dont la société Vibe Holdings détient les droits de Soul Train, écrit : « Soul Train a appris au monde à danser ! Merci à Don pour m'avoir confié sa marque Soul Train, j'assumerai son héritage jusqu'au bout. » Petit florilège d’une émission plus que culte.
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