Il est temps de redécouvrir l'oeuvre de Bernard Herrmann, immense, belle, profonde. Nous fêtons ce 29 juin 2011 le 100e anniversaire de la naissance du compositeur américian ...

Il y a 100 ans jour pour jour naissait Bernard Herrmann. Si tous les compositeurs de musique de film ne connaissent pas une grande postérité, Herrmann fait figure de glorieuse exception : malgré tout le génie de Welles, de Hitchcock ou de Truffaut, on peine à imaginer Citizen Kane, Psychose, La Mort aux trousses ou Fahrenheit 451 sans l’inventivité (rythmique, mélodique, harmonique) de leur « bande originale ». Travailleur acharné, Herrmann jette ses dernières forces dans ses collaborations en forme de testament avec Brian de Palma (Obsessions) et Martin Scorsese (Taxi Driver).

La cinquantaine de partitions qu’il signe pour le cinéma se signale avant tout par sa diversité stylistique : en passant avec bonheur du jazz aux grandes formes symphoniques, et du fandango aux inspirations wagnériennes ou debussystes, Herrmann cherchait avant tout à se faire l’écho de l’univers et de l’intention du réalisateur pour lequel il travaillait. Il a rompu, ce faisant, avec la somptuosité un peu académique des compositions luxuriantes qui illustraient systématiquement les films des années 1930 et 1940, celles d'Erich Wolfgang Korngold, Franz Waxman et un peu plus tard Miklos Rosza.

Mais, pour le mélomane, Bernard Herrmann laisse également le souvenir d’un musicien exigeant, ancien élève de la Julliard School qui rêvait de devenir un grand chef d’orchestre - dès son poste à la tête du CBS Symphony Orchestra, à partir de 1934, il défendait avec enthousiasme la musique de Charles Ives, Ralph Vaughan Williams, d’Edward Elgar. IL fut d'ailleurs un grand chef d'orchestre - si l'on peut en juger par la douzaine de LP qu'il réalisa entre 1968 et 1975 pour le label Decca, abordant ses propres musiques comme des partitions de compositeurs qu'il admirait profondément (Les Planètes de Holst, la Seconde Symphonie de Ives, Jack in the Box de Satie, etc.). Nous attendons avec impatience que Decca réédite tous ces trésors, essentiels à la découverte du génie le plus incontestable d'Hollywood.

Encore largement ignorées en France, malgré l'engagement du Festival de Radio France et Montpellier l'été dernier, qui remonta son unique opéra, Wuthering Heigths (Les Hauts de Hurlevent, à paraitre chez Accord dans quelques mois), ses oeuvres de concert méritent d'être découvertes, de sa Symphonie, l'une des grandes du genre écrites au XXe siècle, qui se place dans la descendance de Nielsen et Sibelius, à son très beau Quintette pour clarinette, ou son étrange cycle "The Fantasticks", écrit sur des poèmes de la Renaissance. Au catalogue du label Unikorn-Kanchana, label aujourd'hui en friche, figuraient les propres interprétations du compositeur de sa Symphonie ou de son opéra.

Une oeuvre immense que les chefs et musiciens de tous horizons devraient s'approprier !