Le 22 octobre 201, Pablo Heras-Casado et Marc-André Hamelin proposaient un programme Mendelssohn, Szymanowski et Berio. [Abonnez-vous !->http://www.digitalconcerthall.com/tickets/?a=qobuz&c=true]

Pour ce concert en direct de la Philharmonie de Berlin (disponible dans les archives Digital Concert Hall), l’Orchestre Philharmonique de Berlin nous proposait de découvrir deux œuvres rarement jouées (et que lui-même aborde pour la première fois), encadrées par deux grands tubes du répertoire symphonique germano-calédonien que sont l’Ouverture des Hébrides et la Troisième symphonie "Ecossaise" de Felix Mendelssohn.

Karol Szymanowski (Photo X/DR)
Après l'ouverture, on pouvait déguster la Quatrième symphonie de Karol Szymanowski, dite Symphonie concertante. Concertante car en effet, le piano solo y joue un rôle quasiment soliste, même s’il lui arrive de servir lui-même d’accompagnement à d’autres musiciens de l’orchestre, presque comme un continuo à la baroque.

Marc-André Hamelin (Photo F. Kaufman)
La Symphonie date de 1932, l’ultime maturité du compositeur qui devait s’éteindre cinq ans plus tard. C’est au cours de cette «troisième période» (les deux premières étant respectivement placées sous le signe du postromantisme chopinien puis sous celui de l’éclectisme ravélo-stravinsko-debussyste) qu’il renoue définitivement avec ses racines polonaises. On ressent dans la Concertante une nette inspiration à la Bartók, où les emprunts au folklore polonais (réel ou imaginaire) sont sublimés dans un langage harmonique d’une intense complexité ; l’ouvrage voyage de la forme-sonate pour le premier mouvement jusqu’au rondo final et orgiaque, en passant par une douloureuse complainte tenant lieu de second mouvement.

Voilà une bien belle œuvre, que le pianiste canadien Marc-André Hamelin, bien connu des fidèles de Qobuz, a défendu avec l’ardeur et la finesse qu’on lui connaît.

Pour la première fois au répertoire du Philharmonique de Berlin, Quatre dédicaces de Luciano Berio. En réalité, ce sont là quatre pièces indépendantes de diverses époques de la vie créatrice du compositeur, réunies sous ce nom par Pierre Boulez pour l’un de ses propres concerts à Chicago en 2008 : Fanfara (1998) - Entrata (1980) - Festum (1989) - Encore (1978/1981). En plus du présent concert d'archives, voici quatre liens qui vous mèneront à ces œuvres telles que données par Boulez et Chicago :

Fanfara                                                                     Entrata

     

Festum                                                                     Encore

     

C’est là le Berio le moins directement expérimental, le plus «classique» dans sa modernité ; l’auditeur pourra s’amuser à découvrir le cheminement parcouru entre les années 80 et la toute fin du siècle. L’exercice ne manque pas de surprises !

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L’inspiration folklorique et populaire de Mendelssohn pour Les Hébrides et la Symphonie Ecossaise en la mineur ? Voici de quoi détruire quelques idées reçues. Lettre de Mendelssohn à son père du 25 août 1829, Llangollen au Pays de Galles :

« Surtout pas de musique nationale ! Que dix mille diables emportent tout folklore ! Me voici au Pays de Galles, et youpi, on trouve un harpiste assis dans un recoin de chaque auberge qui se respecte, jouant en continu des prétendues mélodies populaires, c’est-à-dire des machins infâmes, vulgaires et désaccordés, et en même temps un orgue de barbarie moud ses propres mélodies, c’est à devenir fou, j’en ai mal aux dents. Les cornemuses écossaises, les cors des Alpes suisses, les harpes galloises, qui jouent tous le Chœur des chasseurs [du Freischütz de Weber] avec des variations en guise d’improvisations de la pire espèce, plus loin les beaux chants dans le couloir, et toute leur musique authentique ! Cela dépasse l’entendement ! Si, comme moi, on ne supporte pas les Mélodies populaires de Beethoven, que l’on vienne donc ici pour écouter celles-ci hurlées par des voix criardes et nasales, accompagnées par des imbéciles aux doigts gourds, et on n’aura plus rien à redire. »

Le site du Digital Concert Hall de l'Orchestre Philharmonique de Berlin

Berliner Philharmoniker dans Qobuz Magazine